Comment le parfum a traversé les siècles pour devenir un produit du quotidien ?

07 mars 2017

5min

Comment le parfum a traversé les siècles pour devenir un produit du quotidien ?
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Certains aiment en changer tous les jours, d’autres portent le même depuis des années. Pour Emanuel Ungaro, « le parfum est un objet intime, c’est le reflet de l’âme ! »


S’il est une manière délicate de révéler un peu de notre personnalité, le parfum est aussi un produit de luxe que l’on aime porter depuis la nuit des temps. Mais porte-t-on un parfum aujourd’hui comme on le portait il y a des siècles ? Comment de jeunes maisons de parfumerie parviennent à se faire une place parmi les créateurs les plus reconnus ?

Welcome to the Jungle vous propose un voyage olfactif qui vous fera traverser des siècles de parfums sous toutes ses formes et rencontrer les nouveaux acteurs du marché.

Le parfum comme une ode aux divinités

Pour commencer notre voyage à travers les senteurs, revenons un instant sur les origines du parfum. Durant l’Antiquité, le parfum existe sous une forme solide : celle « des concrètes de parfum » que l’on retrouve encore aujourd’hui dans les tombes égyptiennes. À cette époque, il était conservé dans de petites boîtes précieuses et finement décorées, tels des écrins à bijoux. Les concrètes révélaient le côté mystérieux, magique et envoûtant du parfum.

Le parfum était alors réservé aux Dieux puisque les Hommes brûlaient des fleurs, des plantes aromatiques ou des résines en leur honneur. Selon les croyances, les senteurs permettaient de révéler la beauté et la puissance des divinités.

Le parfum comme un habit enivrant

Plus tard, durant la Renaissance, les grands explorateurs rapportent de leurs voyages en Inde et dans les Amériques des épices et de nouvelles matières premières : cacao, vanille, cardamome ou girofle, autant de substances permettant de fabriquer des parfums forts et capiteux pour camoufler les odeurs corporelles.

Louis XIV, surnommé « Roi le plus fleurant du monde » faisait quant à lui parfumer les fontaines du château de Versailles. Les jardins dégageaient alors des effluves de fleur d’oranger, de jasmin et d’œillet blanc !

Le parfum comme best-seller des grands créateurs

Coco Chanel, Jean-Paul Gaultier, Christian Dior ou Yves Saint-Laurent : tous les grands créateurs de mode ont fait appel aux nez les plus talentueux pour fabriquer leur parfum. Les plus emblématiques sont d’ailleurs issus de ces maisons : le mâle de Jean-Paul Gaultier, J’adore de Christian Dior, qui est longtemps resté le parfum le plus vendu au monde avec le N°5 de Chanel, ou encore Opium de Yves Saint-Laurent. Autant de parfums qui restent des incontournables sur le marché.

Grande distribution, distributeurs spécialisés comme Sephora ou Marionnaud ou parfumeurs de renom, du plus main Stream au parfum d’exception, la palette de choix est large quand il s’agit de parfums. Alors que 1000 nouvelles références sont lancées chaque année sur le secteur de la parfumerie, Nose a justement choisi d’aider les clients à s’orienter parmi toutes ces fragrances enivrantes. Ce concept store parisien dédié à l’univers de l’olfactif ne propose que des marques ayant pour point commun d’être indépendante, d’exception et exclusive :

« Non seulement nous sommes particulièrement difficiles dans la sélection d’une marque, mais nous ne prenons pas toutes leurs références. Chaque nouvelle fragrance doit apporter une nouvelle pierre à l’édifice, et ne pas se confondre avec celles existantes. Elle ne doit pas être seulement un best-seller ou une curiosité, elle doit être une fragrance d’exception. », nous explique Nicolas, le co-fondateur de Nose.

@Nose

L’émergence des « petites » maisons

Même si les grandes marques de luxe semblent préempter le marché du parfum, les petites maisons parviennent malgré tout à se faire une place, notamment grâce à leur agilité et à leur créativité. Certes, celles-ci ne disposent pas d’un budget aussi conséquent que les grands groupes pour lancer un parfum. Elles ont cependant un atout de taille : celui de pouvoir innover. Les fondateurs des petites maisons mettent en effet beaucoup de leur temps, de leur énergie et de leur passion pour façonner une véritable identité et créer une jolie marque-maison-entreprise à succès.

Isabelle Masson-Mandonnaud, créatrice de la maison Sabé-Masson, nous donne les clés de la réussite : « Seuls les fondateurs de petites maisons peuvent s’offrir la liberté nécessaire à l’innovation et le temps pour créer une identité. Ils se l’offrent souvent en travaillant comme des fous car la passion de la création de marque ne supporte pas le « moyen ». » Selon elle, d’autres éléments sont également nécessaires à la réussite du projet : embarquer une équipe qui y croit pour l’accompagner et « se faire une place dans la vie des clients de la rue ». Toujours selon Isabelle, « Il n’y a que la rue qui décide d’adopter une marque ou pas. » Pari réussi pour cette jolie marque poudrée !

Isabelle Masson-Mandonnaud, créatrice de la maison Sabé-Masson 

De nouvelles façons de consommer le parfum

Même si le savoir-faire est minutieusement conservé, celui-ci a évolué à travers les siècles. Les petites maisons n’envisagent plus seulement le parfum comme un atout sensoriel, mais de manière plus large, en l’intégrant notamment au secteur de la beauté. La fondatrice de Sabé-Masson a par exemple choisi d’inventer un nouveau geste de parfum. « J’ai travaillé des bases cosmétiques en ajoutant des matières premières aux vertus intéressantes pour la peau tout en optimisant la rémanence du parfum. »

Isabelle et ses équipes ont pris le parti de repartir de la forme originelle du parfum : celle des concrètes. Selon elle, « _pour comprendre une histoire ou un produit c’est important de visiter la source. Le parfum sous sa forme solide est l’une des premières méthodes de traitement des essences. J’ai aimé l’idée de moderniser cette forme de parfum en incluant le parfum solide dans un bâton de parfum, permettant une application facile et ludique. _» Entre parfum et rouge à lèvre, il n’y a plus qu’un pas…

Les parfums solides Sabé Masson

Dans certains secteurs comme celui de la beauté, l’innovation ne passe donc pas forcément par la R&D mais aussi par l’usage que les clients en font.

Le contenant, aussi précieux que le contenu

Pour finir, il est un domaine dans le secteur de la parfumerie où la création est toujours à son paroxysme : celui du packaging. Déjà sous la Belle époque, le parfum devient un véritable produit de luxe grâce à des artistes comme Renée Lalique, bijoutier et artisan verrier d’art nouveau qui réalise les premiers flacons de parfum modernes.

Jean-Paul Gaultier quant à lui disait au sujet de ses bouteilles de parfum : « Le flacon doit dépasser le stade de récipient pour se placer en objet d’art : on le regarde, le prend, le touche, l’emporte. » C’est d’ailleurs lui qui le premier, utilisera des boites de conserves pour empaqueter son parfum « le Mâle ».

Et demain, quel sera le parfum ?

Si aujourd’hui le parfum n’appartient pas seulement à cette senteur que vous vous appliquez sur la peau, demain, il sera sans aucun doute encore bien plus. Le parfum se décline d’ailleurs déjà à travers les bougies pour permettre à votre intérieur d’être un lieu de bien-être. Des concepts store beauté (parfums, cosmétiques et bougies) comme Nose proposent ainsi de découvrir l’univers olfactif autrement, notamment à travers un diagnostic personnalisé pour trouver parfum à son nez.

Selon Nicolas de Nose, « _Les fragrances pour soi ou pour l’intérieur sont issues du même univers : celui de l’olfactif. Cela comprend aussi la cosmétique au sens large (capillaire, visage, corps). Il n’existait pas d’enseigne regroupant ces trois univers et parlant de manière claire et simple aux clients dans la parfumerie ou la cosmétique d’exception et nous avons voulu apporter une réponse à cela. _»

Pour aller plus loin :

  • Si vous êtes intéressé par l’histoire du parfum et si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous au Grand Musée du Parfum à Paris, inauguré fin décembre 2016 et situé au 73 rue du Faubourg Saint Honoré.
  • Enfin, si vous souhaitez ressentir « Le parfum », lisez l’œuvre de Patrick Süskind écrite en 1985 et adapté au cinéma en 2006. Il y décrit le monde des odeurs à merveille et votre sens de l’odorat sera décupler à la simple lecture de ses mots.