Lean Management : la recherche de l’efficacité... mais pas à n'importe quel prix !

23 mai 2017 - mis à jour le 26 janv. 2023

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Lean Management : la recherche de l’efficacité... mais pas à n'importe quel prix !
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Réduire les dépenses superflues pour maximiser le rendement, tout en veillant au bien-être des employés : tel est le miracle du Lean Management. Mais en quoi consiste cette méthode de management ? Focus.

« Je suis ceinture noire. » Non, l’associé de ce cabinet de conseil ne partage pas avec vous sa passion pour la pratique du karaté, il mentionne simplement qu’il est expert en Lean Management. Inventé par le géant nippon Toyota dans les années 70, le Lean a d’abord fait ses preuves au Japon, avant de trouver un écho au sein des entreprises de toute la planète. Les experts obtiennent effectivement des « belts » (ceintures) au fur et à mesure qu’ils développent leurs compétences sur le sujet. La comparaison avec le karaté s’arrête ici.

Très en vogue d’abord dans l’industrie, le Lean Management est maintenant partout et le sujet de nombreuses missions de conseil. Grâce au témoignage de Raouf Bouacha, directeur de programme & performance chez Orange et spécialiste en Lean Management, on vous donne ici toutes les clés pour comprendre les grands principes du Lean Management.

Pourquoi le Lean Management est-il aussi populaire ?

Le Lean Management, un dérivé du Taylorisme avec une touche japonaise

Le Lean Management, c’est un dérivé du Taylorisme avec une dimension japonaise. Le Taylorisme, ça vous parle ? Cette technique d’organisation du travail née aux États-Unis repose sur la division méthodique des tâches au sein de l’entreprise. Toyota s’en est inspirée et l’a adaptée pour mettre au point le Lean Management.

Selon Raouf Bouacha, « le Lean Management est une méthode qui vise à améliorer la performance, l’efficience et la productivité de toute entreprise, avec un leitmotiv principal : faire bien avec le moins de déchets possibles ». L’objectif du Lean Management est donc de réduire les gaspillages afin d’améliorer l’efficacité et la performance d’une unité de production, d’un département ou même d’une entreprise. La particularité du Lean Management, c’est que la recherche de l’efficacité ne se fait pas à tout prix. Elle y intègre une dimension humaine. La méthode lean prend en effet en compte l’ensemble des acteurs qui participent aux tâches et vise une amélioration des conditions de travail. « Le Lean Management, c’est avant tout un état d’esprit», rappelle Raouf Bouacha, pour qui cette démarche doit avant toute chose être adoptée « culturellement » par les entreprises avant d’en utiliser les outils.

Le succès de Toyota a poussé de nombreux secteurs à s’y intéresser, en particulier l’industrie automobile, mais pas que. Les banques et les assurances ont également suivi. Aujourd’hui, cette méthode est plébiscitée dans tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises.

Et le Lean Six Sigma, c’est quoi ?

Six Sigma est une autre méthode inventée au sein de Motorola. « C’est un outil d’amélioration continue d’un processus existant », nous explique Raouf Bouacha. Il porte également une attention toute particulière à la qualité et la satisfaction client. Les démarches Lean Management et Six Sigma sont de plus en plus couplées lors des missions de conseil. On parle alors de Lean Six Sigma. Les experts en Lean Management sont en fait généralement des experts en Lean Six Sigma. « Le Six Sigma fait partie du Lean Management, il en est l’une des composantes », affirme même Rouaf Bouacha.

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On vous en dit plus ?

Quels sont les grands principes du Lean Management ?

5, 7, 13, 14 principes… Chaque théoricien du Lean Management a proposé sa propre liste détaillant les X valeurs fondamentales de ce système de management. Voici des ouvrages clés sur le sujet :

  • Le célèbre Toyota Way 2001 rédigé par Fuji Cho, président de Toyota de 1999 à 2005, dans lequel il détaille sa conception du Lean Management au sein de la firme nippone.
  • The Toyota Way: 14 Management Principles from the World’s Greatest Manufacturer, publié par Jeffrey K. Liker en 2004.
  • Les 13 principes de The Toyota Product Development System: Integrating People, Process And Technology, par le même Jeffrey Liker.
  • The Machine That Changed the World, publié en 1991, dans lequel est conceptualisée la notion de Lean pour la première fois.
  • Les 7 principes du Lean software development, qui se concentre sur la démarche Lean adaptée au développement logiciel.

Parmi cette bibliographie, mettons l’accent sur Toyota Way 2001, qui regroupe les principes essentiels du Lean Management. Il est composé de 2 piliers et 5 principes fondamentaux :

Pilier n°1 : l’amélioration continue

Les 3 principes de ce premier pilier sont les suivants :

  • Le challenge : former une vision de long terme pour atteindre des objectifs en faisant preuve de courage et de créativité.
  • Le Kaizen : améliorer les opérations de production de manière continue, sans jamais cesser d’être orienté vers l’innovation et la progression.
  • Le Genchi Genbutsu : on quitte les salles de réunions pour aller discuter des problèmes directement à la source du problème (devant une machine, avec un employé à son poste de travail…), on cherche le consensus et on achève les objectifs au rythme qui convient le mieux.

Raouf Bouacha précise que la démarche Lean ne sert pas à « anticiper à 100 % » la survenue des problèmes dans le but de les éviter. Elle repose plutôt sur la loi de Murphy qui stipule que les couacs sont inévitables, et de faire en sorte que « lorsque cela arrive, on ait des process assez efficients et Lean – donc sans gaspillage – pour rebondir rapidement », ajoute-t-il.

Pilier n°2 : le respect des individus

Le second pilier du « Toyota Way 2001 » se concentre sur l’aspect humain du Lean Management et se compose de 2 principes :

  • Le respect : on respecte les autres, en essayant de comprendre le point de vue de chacun et en faisant notre maximum pour créer de la confiance mutuelle.
  • Le travail d’équipe : on stimule le développement personnel et professionnel, partageons les opportunités d’évolution et maximisons les performances individuelles et collectives.

Le conseil en Lean Management est-il fait pour vous ?

Le Lean Management vous intéresse ? Voilà ce que cette méthode de gestion de projet implique au quotidien.

Les conditions de travail

Les missions sont généralement longues, notamment lors de la phase d’implémentation. Elles comportent souvent de nombreux déplacements afin de recueillir les informations sur le terrain, mais aussi plus tard pour faciliter les changements en étant aux côtés des équipes.

Les fonctions et secteurs concernés

Le Lean Management est partout, vous aurez donc l’opportunité de travailler sur des missions dans des secteurs variés, au sein de tout type de fonction. Les missions de Lean Management ne sont plus réservées qu’aux fonctions de production et vous pourrez très bien travailler au sein des départements SI (Système d’Information) ou RH. La taille des entreprises peut être également diverse, de la PME au grand groupe du CAC 40. De nombreuses start-ups se revendiquent aussi adeptes du Lean Management.

Le type de compétences requis

Les missions de Lean Management incluent deux principales dimensions : l’organisation des tâches (les processus) et celle des hommes. Ce type de missions sollicite à la fois des compétences techniques et humaines.

  • Concrètement, vous allez être amené à utiliser différents outils statistiques (échantillonnage, régressions…) pour comprendre les processus existants. Vous devez également être à l’aise avec le développement de modèles de données pour tester et définir les nouveaux processus.
  • Une mission de lean ne se résume pas à des chiffres. Votre capacité d’écoute et votre empathie sont des clés pour recueillir des données sur l’organisation, les compétences de chacun et beaucoup d’informations plus informelles, qui sont capitales pour identifier les améliorations possibles.
  • Lors de la mise en place d’une nouvelle solution, vous allez développer votre capacité à gérer des projets complexes et devoir faire appel à votre sens de l’organisation. Votre habileté à communiquer de manière claire va également être sollicitée pour faire adhérer les équipes du client au projet. C’est l’un des grands principes du Lean Management, le consensus. Les améliorations ne doivent pas être une décision du management que vous appliquez mais bien un projet dans lequel toutes les parties prenantes sont acteurs de la transformation, et vous êtes le facilitateur.

Comment se former au Lean Management ?

L’avantage du Lean Management, c’est que les compétences acquises ne laissent pas de place au doute. Chaque fois que vous passez un « palier », vous obtenez une nouvelle ceinture. Il en existe 4 selon votre niveau d’avancement : la ceinture blanche (white belt), la jaune (yellow belt) la verte (green belt), la noire (black belt) et la « master » black belt. C’est l’assurance d’une formation continue mais également d’une certaine reconnaissance au sein de la communauté du Lean Management et auprès des recruteurs.

Plusieurs centres de formation permettent de s’initier au Lean Management et d’obtenir les certifications nécessaires à la mise en valeur de vos compétences. On peut par exemple citer Lean Six Sigma France ou Campus Lean.

L’obtention de chaque ceinture se fait suite à des formations qui vont de 2 à 10 jours, et qui donnent lieu à un examen final. Pour les niveaux les plus élevés (ceintures vertes à noire), vous devrez également avoir attesté de la mise en pratique du Lean Management au sein de projets de taille variable.

Rouaf Bouacha ajoute que « le Lean Management est l’affaire de tous » et ne devrait pas être réservé à une « élite ». Toute personne peut potentiellement s’intéresser à la démarche, sans devoir débourser des sommes importantes dans des formations. Il existe de nombreux livres et MOOC (Massive Online Open Courses) gratuits qui permettent d’en apprendre plus sur le Lean. Alors, prêt à entrer dans le monde du Lean ?

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Article mis à jour par Sylvain Guillet, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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