Prendre des bonnes résolutions : utile ou contre-productif ?

31 août 2022 - mis à jour le 01 août 2022

7min

Prendre des bonnes résolutions : utile ou contre-productif ?
auteur.e
Ingrid Dupichot

Freelance Content Writer

Toujours la même rengaine. C’est déjà la fin des vacances… et comme à chaque retour, on ne peut échapper aux traditionnelles suggestions de bonnes résolutions. Elles sont partout. Sur le web, dans les magazines, sur Instagram, sur LinkedIn… On se dit toujours « tiens, et si je profitais de la rentrée pour repartir sur de nouvelles bases ! » Le mois de septembre est souvent un moment propice pour se remettre d’aplomb, après avoir bien rechargé ses batteries. Nouveaux objectifs, nouvelles routines à adopter ou encore belles promesses de changements faites au bord de la plage ? Il n’est jamais facile de s’y tenir à la lettre ! (c’est pourquoi beaucoup abandonnent… ) Alors pour mieux y arriver, on a pesé le pour et le contre et passé en revue les meilleures méthodes pour prendre de vraies bonnes résolutions et (enfin) s’y tenir.

En fait, pourquoi prendre des bonnes résolutions ?

Comment expliquer que l’on s’acharne à prendre des bonnes résolutions dès que la rentrée pointe le bout de son nez ? Il est vrai que les vacances d’été sont propices à l’introspection. C’est souvent un moment de détente, où l’on prend plus facilement de la distance et de la hauteur sur son environnement professionnel. Alors pourquoi ne pas saisir cette occasion pour faire peau neuve et revoir ses objectifs personnels pour l’année à venir, au-delà des besoins de votre entreprise ou des envies de votre boss ? Et puis c’est aussi une période de rupture avec le quotidien, idéale pour initier un changement !

Pourtant, même si nos intentions sont bonnes, plus de 80% de nos résolutions finissent abandonnées au bord de la route. Un constat qui remet en cause notre volonté dans la durée. Pourquoi ? Cela s’expliquerait par un manque de réalisme en amont, des lacunes en organisation pour ce qui est du suivi et de soutien de notre entourage, quand il ne s’agit pas simplement d’un oubli. Sans compter que, dans notre cerveau, se joue une gue-guerre constante entre recherche de satisfactions immédiates et gains à atteindre à long terme. Et dans ce contexte, les bonnes résolutions peuvent être source de pression excessive, voire de culpabilité. De quoi se décourager me direz-vous ?

Ou, au contraire, de quoi redoubler d’efforts et bien préparer sa démarche et mettre toutes les chances de son côté, non ? On prend souvent de bonnes résolutions lors de rites de passage, pour dire adieu aux choses négatives et pour combattre l’incertitude qui plane sur notre futur. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les dernières années n’ont pas été de tout repos. Et si pour cette rentrée, on tentait l’expérience, pour reprendre du poil de la bête, de se (re)motiver et attaquer ce retour au bureau de la meilleure des façons ? Comme on dit, qui ne tente rien n’a rien !

Prendre des bonnes résolutions, oui mais efficaces et durables !

1. Faire le bilan de l’année écoulée

Avant de vous lancer, planifiez-vous un moment pour faire le bilan. À force d’être tout le temps la tête dans le guidon, on oublie souvent de contempler le chemin parcouru. Prenez le temps de réfléchir à vos réussites et vos échecs, aux choses qui vous ont plu et à celles qui vous ont déplu cette année. Soyez très factuel(le) et essayez d’être le/la plus objectif(ve) possible pour être sûr(e) de vous fixer des résolutions tenables par la suite.

Comment y êtes-vous parvenu·e ? Quelles compétences avez-vous acquises, développées et quelles sont celles que vous souhaiteriez améliorer ? De quoi êtes-vous fier·e ? Les difficultés rencontrées vous ont peut être poussé·e à être plus adaptable, à développer de nouvelles compétences… L’occasion de vous auto-féliciter et de repérer les sujets sur lesquels il continuer de progresser. De même, listez les erreurs, échecs et problématiques rencontrées. Comment auriez-vous pu les éviter ? Que vous ont-ils appris ? Le but ici est de les accepter, pour mieux rebondir et s’améliorer. Vous intégrerez ainsi ce qui vous a fait grandir l’année passée. Si certains de vos échecs ne sont pas de votre fait, ne vous accablez pas, vous n’y êtes pour rien ! Cependant réfléchissez quand même à ce que vous auriez pu mieux faire de plus ou différemment.

Attention : faire son propre bilan annuel ne doit pas provoquer une déferlante d’autocritiques, être source de solitude et de culpabilité, ni être l’occasion de se dévaloriser. Si vous êtes dans cette optique, vous souffrez sûrement du syndrome de l’imposteur et il vous faut à tout prix tenter de sortir de ce schéma de pensée qui vous empêche d’apprécier vos accomplissements à leur juste valeur. Car faire le bilan c’est avant tout le moment de se féliciter du chemin parcouru. La petite astuce pour s’assurer d’être bienveillant avec soi-même : faire le bilan comme si vous faisiez celui de votre meilleur(e) ami(e). Et puis, tant pour vos erreurs que pour vos réussites, essayez toujours de les évaluer selon des critères précis et mesurables. N’hésitez pas non plus à demander à vos proches et vos collègues leur avis, un regard extérieur est toujours bienvenu !

2. Identifier vos valeurs

Pour savoir où vous voulez aller, il est bon d’identifier vos valeurs personnelles. Se connaître est primordial pour ne pas s’égarer. Ainsi, vous laisserez de côté, une bonne fois pour toute, cette désagréable sensation d’être à côté de la plaque. Vos valeurs sont les motivations qui vous guident, votre boussole interne. Ce ne sont ni vos besoins, ni vos devoirs mais ce qui est important pour vous et vous rend heureux.

Par exemple, vous faites naturellement preuve d’empathie auprès de vos collègues mais vous pouvez également avoir des envies de liberté. L’empathie sera votre valeur et la liberté un besoin.

  • Identifiez vos 3 valeurs phares. Commencez par une liste de 10 valeurs, puis retravaillez et réduisez votre liste pour en obtenir 3.

Prenez votre temps, l’exercice n’est pas facile mais faites-vous confiance.

  • Ensuite, pour chaque valeur phare, verbalisez ce qu’elle représente pour vous. Trouvez 5 verbes par valeur, cela vous permettra d’appréhender au mieux leur part subjective.

Ainsi pour l’empathie, une verbalisation sera par exemple : « je me connecte aux membres de mon entreprise ».

En identifiant vos valeurs, vous serez assuré d’avoir des résolutions répondant à vos motivations profondes ou en tout cas, n’allant pas à leur encontre.

3. Employez la méthode SMART pour des objectifs simples, mesurables, atteignables et délimités dans le temps

Pour établir des résolutions atteignables, vous pouvez utiliser la méthode SMART, qui consiste à établir des objectifs simples, mesurables, atteignables et délimités dans le temps. Pour ce faire, décomposez vos résolutions sous forme d’objectifs raisonnables répondant aux critères de la méthodologie SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporel).

  • Spécifique: Un objectif doit être spécifique, précis, concret, formulé positivement et sans ambiguïté possible. N’hésitez pas à décomposer un objectif vague en plusieurs petits objectifs. Par exemple, l’objectif « je veux trouver l’entreprise de mes rêves » doit être saucissonné en plusieurs objectifs mis bout à bout :

1- Clarifier mon orientation professionnelle : quel(s) poste(s)/métiers(s) je vise ? Pour quels secteurs j’opte en priorité ?
2- Identifier mon environnement de travail idéal : grande structure, start-up, ONG, incubateur de start-up, freelance… ?
3- Activer et entretenir mon réseau
4- Réussir mes entretiens : travailler mon storytelling (…)

  • Mesurable : un objectif est mesurable lorsque des critères qualitatifs ou quantitatifs permettent de mesurer les progrès et d’en évaluer le(s) résultat(s).

Concernant l’objectif « activer et entretenir mon réseau » que nous prendrons en exemple pour la suite, vous pouvez établir un planning hebdomadaire consistant à envoyer cinq demandes de prise de contact pour espérer obtenir au minimum une entrevue par semaine. Vous pourrez alors solliciter cette personne et lui demander trois nouveaux contacts. Et ainsi de suite.

  • Atteignable: un objectif atteignable suppose un effort et un engagement. Le niveau d’ambition pour chaque objectif doit être fixé au bon niveau : ni trop haut (frustration) ni trop bas (ennui). C’est essentiel mais n’oubliez pas que vous pourrez ajuster la barre au fur et à mesure.

Vous avez envoyé trois mails et, chanceux, vous avez d’emblée récolté trois réponses positives et des mises en contact à foison. Seulement, vous vous rendez compte que les contacts récoltés s’éloignent de l’environnement de travail visé… Tentez de mieux cibler vos prises de contact, quitte à revoir à la baisse le nombre de personnes à contacter par semaine.

  • Réaliste: pour être réaliste, un objectif prend en compte votre situation actuelle, vos ressources (temps, énergie, argent) en intégrant, le contexte dans lequel vous êtes actuellement (familial, professionnel, financier). Évaluez le temps que prennent vos diverses activités, et revoyez l’objectif à la lumière des autres objectifs que vous vous êtes fixés, pour repérer d’éventuelles incompatibilités.

Trois de vos contacts vous proposent une entrevue la même semaine. Or, vous avez déjà deux séances d’entraînement sportif (ambitieux que vous êtes, vous avez également pour objectif de courir un semi-marathon dans deux semaines). Vous pouvez réajuster votre planning et décaler de deux semaines les prises de contact.

  • Temporel: l’objectif doit être circonscrit dans un cadre temporel. Une échéance est nécessaire, une date de fin unique et une périodicité (par jour, par semaine…) peuvent être établies. L’objectif peut être alors habituel et/ou ponctuel.

Vous vous laissez deux mois pour activer votre réseau et générer des prises de contacts (objectif ponctuel), et prenez dorénavant l’habitude de consacrer deux soirées par mois à des évènements de networking (objectif habituel).

La méthode SMART permet de mentaliser l’objectif et de passer plus facilement de l’idée à l’action. Une fois votre résolution définie et ritualisée, le plus dur sera fait et votre motivation aura plus de chance de rester au beau fixe… il ne vous restera plus qu’à la visualiser et lâcher prise.

4. Prendre le temps vous améliorer, un pas à la fois

Connaissez-vous la technique japonaise du Kaizen qui signifie « amélioration continue » ? Elle se destine autant à la vie personnelle qu’au travail. Initiée dans les grandes entreprises japonaises et empruntée par de nombreux entrepreneurs occidentaux, elle permet d’atteindre ses objectifs sans rencontrer les résistances dues à un changement radical et soudain. L’idée est d’apporter des petits changements dans sa vie au quotidien pour ne pas se démotiver et tenir dans la durée.

5. Relativiser ses échecs

Relativiser ses échecs quand on fait le bilan c’est bien, le faire dès qu’on en rencontre c’est encore mieux ! Au cours d’une année, il est normal d’échouer. Savoir rebondir rapidement plutôt que ressasser ses erreurs vous permettra d’avancer plus facilement dans vos projets. Le mot d’ordre : ne surtout pas se décourager ! Se rappeler que l’échec est nécessaire à l’apprentissage et à l’évolution. En effet, comment est-ce qu’un bébé apprend à marcher ? En tombant des centaines de fois. Pour certains, les échecs ont parfois mené aux plus grandes réussites.

Parce que les fins d’années professionnelles peuvent être particulièrement pesantes, prendre de bonnes résolutions pour la rentrée à venir est un bon moyen de retrouver de la motivation, et repartir de plus belle. Cependant ne vous forcez pas, si vous sentez que la période n’est pas propice pour vous fixer de nouveaux objectifs, ne le faites pas. Vous risqueriez de générer encore plus de frustration en prenant des résolutions que vous ne voulez pas atteindre, ou que vous ne vous sentez pas capable d’atteindre, que si vous vous étiez juste “laissé porté(e)” par le cours des événements. Et si vous n’arrivez pas à tenir vos résolutions même après avoir appliqué ces conseils, ne baissez pas les bras, le plus important dans une résolution, c’est la motivation qu’elle procure, l’impulsion qu’elle donne quand on la prend, plus que le fait de l’atteindre réellement.

Photo Thomas Decamps

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