Les 5 idées reçues sur les influenceurs

22 déc. 2017

5min

Les 5 idées reçues sur les influenceurs
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C’est devenu un réflexe, presque naturel, dès que l’on a un moment, dans la queue du supermarché, dans le métro ou avant d’aller se coucher : hop, on file se perdre sur Instagram pour voir défiler la vie de nos amis, mais aussi celles d’inconnus qui nous font rêver avec leurs jolis clichés de voyages, d’événements glamours ou d’assiettes stylées. Certains d’entre eux parviennent à bâtir une telle communauté de followers que les marques font appel à eux pour communiquer autour de leurs produits, les élevant ainsi au rang “d’influenceurs”. Une pratique qui soulève bien des interrogations et des fantasmes, tant la vie de ces leaders semble idéale !

Pour lever le voile sur l’activité d’influenceur, Welcome to the Jungle a soumis cinq idées reçues à l’un d’entre eux. Thibault Charpentier alias @Hebdomania, a vu sa vie basculer il y a quatre ans grâce à Instagram. Cet amoureux de voyages partageait ses clichés sur le réseau social jusqu’au jour où la plateforme le glissa parmi ses suggestions de comptes à suivre sur sa page d’accueil. Quelque 50 000 followers plus tard, Thibault a fait de sa passion son métier : devenu photographe, il continue à parcourir le monde et partage avec sa communauté des destinations de rêve et ses meilleures adresses.

1. Une vie à se la couler douce aux quatre coins du monde

C’est vrai que, depuis notre écran, les influenceurs semblent en effet passer une bonne partie de leur vie à découvrir des restaurants incroyables, dormir dans des hôtels de luxe et tester des produits magiques. Si Thibault admet volontiers qu’il y a une part de vrai dans tout cela, il insiste cependant sur toute la partie non visible de son activité : _« Je passe beaucoup de temps à recevoir des propositions, à les accepter ou non, faire des devis, échanger avec les clients, et enfin une fois sur place, lorsqu’il s’agit d’un voyage par exemple, on a des programmes chargés, on doit produire du contenu, donc on est toujours à l’affût de l’image que l’on peut faire. Et forcément, ça ne s’arrête pas là, il faut également l’éditer, le publier, le tout en accord avec les sponsors et tout en modérant ses commentaires… »

2. Ils gagnent une fortune

« Il y a de tout » répond Thibault. En effet, si l’activité sur Instagram peut s’avérer très lucrative pour les “stars” du réseau social, on pense notamment à Nabilla qui touche jusqu’à 6 000 euros par post, elle reste pour la grande majorité des influenceurs insuffisante pour vivre, beaucoup de collaborations étant rémunérées en nature seulement, via les produits ou les voyages. Thibault, qui gagne désormais principalement sa vie grâce à son activité de photographe hors Instagram, a choisi d’adapter son mode de vie pour s’adonner pleinement à sa passion pour la photographie aux quatre coins du monde.

« Dans mon cas par exemple il faut distinguer les voyages de presse pour lesquelles je ne suis pas rémunéré et les collaborations avec des marques pour lesquelles je suis payé. Les voyages de presse sont toujours tentants car on part à l’autre bout du monde tous frais payés dans des lieux incroyables, mais ce n’est pas viable à long terme car tu ne gagnes pas d’argent, c’est compliqué à gérer si tu as un loyer à payer. C’est pour cela que j’ai décidé de rendre mon appartement à Paris. Je n’ai plus de chez moi et je me déplace en permanence, 80% à 90% du temps pour des voyages persos et le reste du temps pour le compte de clients. »

Une chose est sûre, cette pratique n’est absolument pas réglementée et se retrouve vaguement indexée sur le nombre de followers, poussant de nombreux aspirants influenceurs à acheter une communauté pour gagner plus d’argent, faussant ainsi toute la donne. Certains secteurs sont également plus rémunérateurs que d’autres comme le sport, l’automobile, les cosmétiques ou la mode.

3. Moi aussi j’ai un compte Instagram, tout le monde peut le faire

Mais une question demeure…. Influenceur, est-ce un “vrai” métier ? « C’est délicat » répond Thibault, « en tous cas moi je déteste que l’on me présente comme un “instagrammeur”. Je me positionne avant tout comme photographe et dans cette optique je cherche à produire du contenu de qualité. Après, tout est une question de niveau d’exigence. Si tu veux bien faire les choses il faut un minimum de connaissance et de savoir-faire. Finalement, un travail d’influenceur ne se résume pas à prendre quelques photos avec son téléphone, il mêle plusieurs postes : photographe, monteur, chargé de communication, commercial, etc. C’est un métier qui demande une grande polyvalence. » Au-delà du savoir-faire que demande la photographie, Thibault a aussi dû apprendre à gérer son activité comme une entreprise et à développer de nouvelles compétences professionnelles : se montrer réactif face aux diverses propositions, gérer le relationnel avec les clients, organiser son emploi du temps en fonction des projets ou encore négocier les contrats.

Le compte Instagram de Thibaut

4. Des hommes-sandwichs nouvelle génération ?

Posts sponsorisés ou non, intérêt réel ou feint, les influenceurs jonglent en permanence entre leurs propres découvertes et des clichés postés pour le compte de marques. Difficile alors de déterminer leur part de liberté et leur sincérité vis-à-vis des produits qu’ils mettent en avant.

« Les agences de presse cherchent toujours de nouvelles personnes avec qui ils n’ont pas encore travaillé pour se retrouver vite dans leurs fichiers. Au début tu reçois des mails pour tester des restaurants ou des produits gratuitement, c’est tentant mais non lucratif. La relation est faussée entre le repas ou le produit offerts et la visibilité donnée aux restaurants ou au marques. Je ne voulais pas devenir un panneau publicitaire donc j’ai vite arrêté. »

Si l’afflux de propositions alléchantes est une tentation à laquelle certains cèdent facilement, l’expérience des premiers mois de Thibault le poussera au contraire à redoubler d’attention et d’exigence dans le choix de ses partenariats par souci d’honnêteté et de crédibilité vis-à-vis de sa communauté. « Il m’arrive de refuser lorsqu’on me demande des choses qui ne sont pas en adéquation avec ce que je fais, je veux rester cohérent avec mon univers et je ne veux pas me plier à faire des photos qui ne me ressemblent pas. Quand tu dis “non”, les gens comprennent ce que tu vaux et ils te proposent aussi des projets plus qualitatifs. Je ne travaille qu’avec des marques que j’adore, en plus c’est super sympa pour les gens qui me suivent, je crée du contenu qui leur correspond. Ce sont les programmes ambassadeurs à l’année que je préfère, c’est sur du long terme, je peux vraiment réfléchir pour produire une histoire qui a un sens. »

5. Ils sont très seuls dans la “vraie” vie

C’est sans doute l’idée reçue qui aura fait le plus rire Thibault, et il nous le confirme, il est très entouré dans la vraie vie ! Instagram lui a même permis d’élargir son cercle amical au fil de ses voyages: « J’ai rencontré beaucoup de monde et certaines personnes sont devenues des amis proches. Le fait d’avoir des personnes qui me suivent aux quatre coins du monde est une chance. »

D’ailleurs, c’est même la partie relationnelle qui séduit le plus Thibault : « Je suis invité en permanence à des événements au cours desquels tu sympathises avec beaucoup de “confrères” avec lesquels tu restes en contact. C’est en partie grâce à Instagram et à ces rencontres que j’ai pu réaliser mon rêve de gosse, devenir photographe. »

L’instagram de Thibault : @hebdomania

Son site Internet : http://www.thibaultcharpentier.com/