Le demi-mesure, entre prêt-à-porter et sur-mesure | Rencontre avec la maison Lanvin

18 mai 2017

4min

Le demi-mesure, entre prêt-à-porter et sur-mesure | Rencontre avec la maison Lanvin
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Vous avez envie du costume parfait, mais n’avez pas forcément les moyens pour vous en faire dessiner un sur mesure ? Pas de panique : les maisons de tailoring sont de plus en plus nombreuses à proposer un service de « made-to-measure » (demi-mesure, en français), à mi-chemin entre le « ready to wear » (prêt-à-porter) et le « bespoke » (sur-mesure). C’est le cas de la maison française Lanvin, qui propose ce service depuis les ateliers de son flagship store parisien. 800 choix de tissus de costume, 250 choix de chemise, possibilité de faire broder ses initiales…

Derrière tout cela, Virgile, Coordinateur Commercial du service Made-to-Measure, s’assure que tous les désirs du client sont remplis, et communique le tout aux équipes de production. Travailler dans le costume sans formation en mode homme, c’est possible ! Rien a priori ne destinait Virgile à entrer au service costume de Lanvin : après un bac S et une prépa chimie, il décide de concrétiser son amour de la mode et intègre l’école ESMOD en parcours stylisme-modélisme, avec une spécialisation en couture. S’ensuit un master chef de produit de la formation Mod’Spe, où Virgile parfait ses connaissances en production, gestions de flux et relations internationales. Une candidature spontanée sur les recommandations d’un contact, et le voilà en stage de Commercial Homme chez Lanvin, plongé dans la mode homme… « Je crois que mes supérieurs étaient un peu décontenancés par ma candidature, » sourit Virgile. « Mais je connaissais la mode homme de l’intérieur : mes camarades de promo à ESMOD m’utilisaient en mannequin cabine pour leurs jurys de fin d’année ! L’univers ne m’était pas inconnu, j’assistais directement à la construction de vestes et de costumes. » Plongée dans le monde feutré du tailoring de luxe…

Le demi-mesure, entre le prêt à porter et le sur-mesure

Le « demi-mesure », ou personnalisation haut de gamme, est un service proposé par de plus en plus de costumiers : Dior, Prada ou encore Tom Ford ouvrent à leurs clients la possibilité de customiser leur choix de costume. La maison Lanvin propose un service de demi-mesure depuis 1984, disponible en France dans leur flagship store du Faubourg Saint Honoré et au grand magasin Printemps, permettant à la fois d’adapter le costume à la morphologie voulue et d’en customiser les détails. Dès son arrivée chez Lanvin, Virgile s’occupe de ce service en France, chapeauté par le Directeur Général Made-to-Measure.

Au premier rendez-vous, le client choisit un modèle de costume et se fait mesurer pour qu’il soit pile à sa taille. Il définit aussi ce qu’il souhaite modifier : « Choix de tissus, de doublure, de boutons, ou même des initiales brodées ! » explique Virgile. C’est lui qui, depuis son bureau en face du flagship, fait le lien entre les demandes du client et les ateliers de production. L’essayage se fait au cours d’un deuxième rendez-vous, sous quatre à six semaines, et – si tout se passe bien – le client repart avec son costume personnalisé, pour un prix entre 2 300 et 15 000 euros. C’est à la fois plus facile et abordable que le sur-mesure complet, entièrement réalisé à la main : six rendez-vous en moyenne et un prix d’entrée de 6 000 euros !

Une journée type en coordination commerciale

En plus du service Made-to-Measure, Virgile s’occupe de la coordination commerciale pour la division Homme de Lanvin. Ses journées s’organisent autour de sa multitude de collaborateurs….

Le matin : relation avec les usines et les partenaires asiatiques

C’est la première chose que fait Virgile en arrivant au travail : lire et répondre aux mails des interlocuteurs en usine, qui commencent leurs journées très tôt. Il est en relation à la fois avec les fournisseurs de tissus (que des noms pointus du luxe : Holland & Sherry, Scabal, Loro Piana ou Dormeuil), les responsables de production chez les manufactureurs italiens, et l’entrepôt de la maison, avec qui il s’occupe du contrôle qualité des pièces réalisées en demi-mesure : comme ce sont des pièces uniques, elles sont contrôlées d’une manière particulière. Virgile s’occupe aussi de répondre aux partenaires asiatiques, acheteurs ou responsables de boutique, lors de ce créneau optimal en raison du décalage horaire. Si un client d’une boutique en Chine a une remarque sur un costume, le responsable contactera Virgile pour avoir son avis sur le modèle. Parfois cela se règle avec une technique de repassage, parfois le costume devra être renvoyé à l’atelier pour être modifié.

L’après-midi : communication, marketing, merchandising

A cheval entre production et distribution, Virgile découpe le reste de la journée selon les diverses tâches qui lui incombent :

  • créer les fiches produit (une fiche pour chaque costume en demi-mesure !)
  • établir les collections de tissus, travailler les supports marketing
  • ou gérer les soucis de production et les litiges.

Travaillant avec une quarantaine de points de vente à travers le monde au quotidien, Virgile organise également les trunk shows biannuels pour présenter les nouvelles collections, en partenariat avec les équipes de communication et de marketing de Lanvin : « Je ne peux pas me déplacer à chaque boutique, mais je m’assure que tout se passe bien : j’envoie les supports de communication, j’organise des interviews si besoin, j’aide à la mise en place du cocktail… »

Virgile

Forces et difficultés

Le plus gros challenge de son métier ? Être l’interface entre produit et fournisseur dès qu’un souci survient, que ce soit un délai de fabrication ou un problème de production. C’est aussi le coordinateur commercial qui répond aux demandes des boutiques, et donc des clients : « Il faut répondre aux demandes, parfois saugrenues ou répétitives, avec courtoisie et diplomatie, » sourit Virgile. Selon lui, quelles sont les qualités requises pour exercer son métier ? « Il faut une polyvalence absolue ! » estime Virgile, qui exerce ce poste depuis 3 ans et demi. « Ainsi qu’une vraie connaissance du produit : il faut savoir exactement à quoi l’interlocuteur fait référence quand il parle d’une coupe ou d’un détail de costume. L’industrie du tailleur homme reste vraiment de niche, peuplé d’experts de longue date. Il faut savoir de quoi on parle… « Une anecdote marquante ? Une fois, un client lui demandé de produire un costume en demi-mesure en deux semaines, sachant que le délai de production minimum est le double… « Ça ne peut que être risible, non ? »

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