«Je fais bien plus qu’un boulot de dev» Le parcours de Mathilde, CTO Jolimoi

Oct 19, 2017

4 mins

 «Je fais bien plus qu’un boulot de dev»  Le parcours de Mathilde, CTO Jolimoi

Entrepreneure, conférencière et aujourd’hui CTO ( Chief Technical Officer ) de Jolimoi, Mathilde Rigabert-Lemée partage pour Welcome to the Jungle son parcours, sa vision du métier de développeur et son engagement pour mettre en avant les femmes évoluant dans le milieu de la tech. Rencontre à l’Oasis, un espace de coworking et d’innovation dans le 9ème arrondissement de Paris.

« L’entrepreneuriat m’a beaucoup appris »

Avant de rejoindre l’équipe de Jolimoi, la start-up qui révolutionne le marché de la cosmétique, Mathilde n’a eu de cesse de donner vie à des projets qui lui tenaient à cœur. Diplômée en 2007, elle se met rapidement à son compte en tant que consultante Java/JEE pour des grands groupes. C’est durant cette période qu’elle deviendra speaker et qu’elle cofondera Duchess France. « J’ai commencé à faire des conférences aux Etats-Unis et en Europe et c’est là que j’ai constaté qu’il y avait peu de femmes parmi les participants et encore moins parmi les speakers. Je me suis alors dit qu’il faudrait organiser des évènements tech qui mettent en avant des femmes du métier et qui nous permettent de nous rencontrer. J’ai alors fondé Duchess France avec trois autres personnes, dont Laure, CTO chez Leetchi qui m’a d’ailleurs présentée à l’équipe de Jolimoi ! » Mathilde continue toujours d’intervenir dans le monde entier pour Duchess France.

Elle rejoint ensuite les rangs d’une start-up américaine en pleine croissance pendant deux ans : « Notre mission était d’aider les grosses entreprises à accélérer leurs systèmes informatiques. C’était une expérience très formatrice, malgré le décalage horaire (rires), j’ai pu rencontrer des gens brillants. »

En mai 2015, elle crée SoFizz : une application de rencontres amicales réservée aux femmes. « C’est lors d’une conférence à Milan que j’ai eu l’idée de SoFizz ! Je suis restée deux jours sur place pour profiter un peu de la ville mais il faisait froid, il pleuvait et j’étais toute seule donc je me suis rapidement ennuyée et je me suis demandée comme je pouvais faire pour rencontrer de nouvelles personnes. Étant tech de formation, j’ai décidé de me charger de toute la partie business development de SoFizz, ce qui m’a beaucoup fait progresser sur cet aspect. »

Lorsque Mathilde constate un problème, il semblerait qu’elle ne peut s’empêcher de créer pour le résoudre. Elle en profite alors pour gagner en expérience dans des domaines qu’elle ne maîtrise pas. Désireuse de rejoindre un jeune projet, une bonne idée et une petite équipe, l’entrepreneuse décide de faire appel à Twitter : « J’ai posté que je cherchais un job en start-up et la communauté de dev a été super : on m’a proposé peut-être quarante offres d’emploi. » Elle deviendra CTO de Jolimoi en septembre 2017.

« Être CTO en start-up, c’est beaucoup plus qu’un métier de développeur »

À la question, pourquoi ce coup de cœur pour Jolimoi, Mathilde n’hésite pas : « À part les produits gratuits tu veux dire ? (rires) Ce qui me plaît c’est que je vais pouvoir monter ma propre équipe technique, que j’ai le choix des technos et que les fondatrices me font confiance sur ma manière de voir le métier de développeur. C’est pourquoi le confort de nos développeurs nous tient à coeur. La notion de plaisir est très importante chez nous et nous aimons la transmettre. »

Sa mission : recruter la meilleure équipe possible pour perfectionner Beauty Affinity, l’outil de personnalisation de l’expérience cosmétique imaginée par Isabelle Rabier, la fondatrice. Le principal challenge sera d’intégrer des données biométriques au logiciel pour aller encore plus loin et garantir le meilleur produit pour l’utilisatrice. « Nous avons un gros travail de veille technologique à effectuer, ce qui passe par des participations à des conférences, des rencontres et surtout beaucoup de lecture. Le langage que nous utilisons est du JavaScript avec une architecture de micro-services et de la programmation réactive. »

L’avantage de travailler en start-up, c’est qu’on se doit d’être polyvalent et de sortir de sa zone de confort pour accélérer la croissance de l’entreprise. C’est ce qui a permis à Mathilde de développer des compétences qui sortent de sa fiche de poste. « Chez Jolimoi, je fais beaucoup plus qu’un boulot de dev. J’essaie, par exemple, d’aider l’équipe sur tout ce qui est stratégie de growth-hacking et d’UX, tout en leur mettant à profit mon expérience entrepreneuriale. C’est vraiment plus varié qu’un métier de tech et c’est ce que j’aime. »

Mais travailler en start-up ne comporte pas que des avantages. Il faut réussir à bien s’organiser et à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle au risque, bien réel, de partir en burnout. « C’est important de garder un cadre de vie et de se dire qu’on n’est pas son job ».

« Les femmes sont souvent sujettes au syndrome de l’imposteur »

Si les développeuses ne courent pas les rues, les femmes CTO encore moins. Mathilde n’en connaît que deux et elle a son avis sur la question. « Les femmes ont tendance à se mettre des barrières et à ne pas se sentir à la hauteur, c’est à dire qu’elles estiment ne pas cocher toutes les cases. Pourquoi il n’y a pas plus de femmes CTO, c’est une autre histoire : l’image qu’on se fait d’un directeur technique est qu’on travaille beaucoup, ce qui n’est pas évident à gérer lorsqu’on a une vie de famille. Mais cette réflexion devrait être la même pour les hommes et pour les femmes : Ce n’est pas le métier de la tech qui est segmentant, mais plutôt notre société voire notre culture ».

Il faut savoir que dans les métiers de la tech, il y a à peine 10% de femmes. Nous sommes donc en droit de nous poser la question : à quels challenges humains se mesure une femme CTO travaillant dans une start-up de cosmétique ? Mathilde sourit, ayant déjà surement anticipé la question : « Je pensais que le secteur n’allait pas intéresser les développeurs hommes mais finalement, les gens veulent surtout être dans une équipe qui a un certain mindset et dont ils partagent les valeurs. Moi, par exemple, je ne me maquille même pas et pourtant je suis là. J’adore l’état d’esprit proposé et les technologies utilisées. C’est le plus important ».

« On est tellement peu nombreuses que les gens ont le réflexe de me prendre pour une RH plus que pour une tech, mais ça n’a rien de méchant, ce n’est simplement pas encore assez ancré dans les mœurs. »

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Photos by @Jolimoi