Travailler pour une marque de mode à l’étranger : les clés de réussite

Jul 17, 2017

5 mins

Travailler pour une marque de mode à l’étranger : les clés de réussite
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Clémentine Marot

Chef de projet marketing freelance dans les secteurs mode et art de vivre

Un français sur deux se dit prêt à s’expatrier pour suivre une opportunité professionnelle, selon une étude Randstad Workmonitor de 2016. La mode et le luxe sont des terrains d’autant plus propices à l’expatriation que les français sont mondialement reconnus dans ce domaine et appréciés pour leur créativité dans le monde professionnel. Qu’il s’agisse de perfectionner une langue étrangère, découvrir une autre culture, ou donner une dimension internationale à sa carrière, une expérience à l’étranger sera toujours extrêmement valorisante. Pourtant, si beaucoup en rêvent, de nombreuses questions surviennent lorsque l’opportunité se présente, car sauter le pas de l’expatriation représente un changement de vie radical.

Rencontre avec Anaïs Bellid-Kerkouche (Uniqlo) et Chedia Arfaoui (Christian Louboutin) qui ont décidé de sauter le pas et de partir travailler dans la mode à l’étranger. Elles nous livrent les atouts d’une telle expérience, partagent les différences culturelles rencontrées, et nous donnent les clés d’une expatriation réussie !

1. Avant de partir : définir ses objectifs et préparer le terrain

En effet, l’expatriation n’est jamais une expérience anodine ! Nouvelle culture, nouvelle langue, éloignement avec les proches, cette aventure professionnelle entraîne un changement de vie radical qu’il faut appréhender en amont pour ne pas se laisser submerger une fois sur place. Il est important de prendre des contacts en amont, d’échanger si possible avec d’autres employés de l’entreprise, de repérer les différents quartiers… Les groupes d’expatriés français sont aussi très nombreux sur les réseaux sociaux et sont des mines d’informations & d’aide qui facilitent grandement l’adaptation.

Après une formation en école de commerce, Anais, 24 ans, arrive à Londres pour un stage en 2013. Une destination qu’elle a mûrement choisie en se fixant des objectifs précis : “Je ne voulais partir pour travailler mon anglais, Je trouvais mon niveau insuffisant et le seul moyen de progresser était l’immersion. Je ne voulais pas non plus être trop éloignée de ma famille, donc Londres était une destination idéale._” Quelques mois plus tard, le géant japonais de l’habillement Uniqlo lui propose un poste d’Omni Channel Coordinator. Anaïs saute alors sur l’occasion, convaincue que Londres est une destination clé pour sa carrière. “_Je me suis aperçue qu’il y avait beaucoup plus d’opportunités à Londres, les anglais attachent peu d’importance aux diplômes, mais plus à ce que tu peux apporter à l’entreprise. J’aime cette mentalité !”.

2. Les premières semaines : surmonter les difficultés pour réussir son intégration

Les débuts sont souvent très intenses car il faut à la fois gérer les premiers pas dans l’entreprise et la découverte d’une autre culture, la prise de repères dans une nouvelle ville, la recherche d’un logement etc… Une phase lors de laquelle la capacité d’adaptation est constamment sollicitée. Pour Anaïs, la barrière de la langue représentait un vrai challenge, rapidement surmonté : “Les premières semaines ont été très difficiles. J’étais loin de ma famille et puis je pensais que j’avais un bon niveau mais l’anglais professionnel est différent de l’anglais du quotidien. Lors des meetings j’avais du mal à m’imposer parce qu’il y avait des mots que je ne comprenais pas. J’ai eu la chance d’avoir une manager très à l’écoute, et aussi très centrée sur l’évolution des individus. Elle a senti le malaise et elle m’a rassurée, j’ai peu à peu pris mes marques.”

Les différences culturelles peuvent aussi s’avérer profondes au sein d’une même entreprise implantée dans différents pays. Chedia, 33 ans, a d’abord travaillé à Paris chez Christian Louboutin, avant d’être envoyée par la Maison à Los Angeles en tant qu’assistante manager d’une des boutiques. La façon de travailler entre les deux pays va s’avérer extrêmement différente et déroutante pour Chedia dans un premier temps : “À Paris j’avais l’habitude de prendre beaucoup d’initiatives, de structurer mon poste moi-même. Alors qu’aux Etats-Unis on m’a vite fait comprendre que ça ne fonctionnait pas de la même façon. Tu es embauchée pour un rôle et tu ne dois pas sortir du cadre de la fiche de poste. Tu es un exécutant, du moins tant que tu n’as pas fait tes preuves ! Au début, j’ai dû un peu tester les limites.”

Chedia @ Louboutin

Les premières semaines s’avèrent donc décisives pour la suite de l’expérience et demandent de la combativité et de l’ouverture d’esprit pour s’intégrer : “Il faut être très fort parce qu’il y a beaucoup de challenges au début. Je pense que la clé c’est de persévérer et d’être assez ouvert aussi. Si tu ne vas pas facilement vers les gens tu peux rapidement te sentir isolé.” Anaïs

3. Au quotidien : s’adapter à de nouveaux modes de fonctionnement en entreprise

Outre les difficultés que peut engendrer la phase d’adaptation, la découverte d’une autre façon de travailler est avant tout une vraie source d’enrichissement professionnel qui permet de prendre de la hauteur et de tester de nouveaux modes de fonctionnement en entreprise. Chez Uniqlo à Londres, Anaïs a découvert un rapport à la hiérarchie moins vertical qu’en France, basé davantage sur l’échange et le travail en équipe : “Ma manager ne prétend pas avoir la science infuse, elle n’a pas honte de me demander mon avis. Il m’arrive même de présenter des projets directement au CEO. Les français sont perçus comme beaucoup plus soucieux des rapports hiérarchiques.”

Uniqlo (Paris)

L’organisation du travail diffère aussi énormément d’un pays à l’autre.

  • À Londres, Anaïs décrit un environnement très autonome, où chacun est libre d’organiser son temps tant que la mission est menée à bien dans les délais impartis.
  • Aux Etats-Unis, Chedia s’est peu à peu adaptée aux méthodes de travail parfois moins consensuelles qu’en France mais admet un gain en efficacité : “_En France, on a la “réunionite” aigüe, on aime tout remettre en question ! Je suis arrivée avec un esprit très français basé sur la discussion mais j’admets que l’on perd parfois beaucoup en temps et en efficacité. Ici les idées sont validées en amont puis vite mises en place_”.

4. Être ouvert pour apprendre des autres

Rien ne développe l’intelligence comme les voyages_” écrivait Zola. En effet, au-delà de l’expérience professionnelle en elle-même, l’expatriation est une ouverture sur les autres et un apprentissage sur soi-même. Côtoyer des personnes d’horizons très variés permet de développer des qualités relationnelles uniques. “_Uniqlo c’est un grand mélange de nationalités et de cultures c’est ce que j’adore, il y a des anglais, des japonais, des espagnols. Tu apprends à t’adapter en fonction de la personne et de sa culture. Par exemple, si j’ai un meeting avec des japonais je sais que je dois me montrer très forte en tant que femme pour m’imposer et faire passer mes idées.” Anaïs.

L’expatriation est un challenge au quotidien, qui permet aussi de se surpasser et de se découvrir soi-même. Anaïs raconte à quel point cette expérience l’a transformée : “_Avant j’étais très timide. Les anglais sont très avenants et je sens que l’on me fait confiance dans mon travail, ça m’a beaucoup aidé à m’ouvrir. Jamais je n’aurais pensé que j’aurais pu présenter mes projets au CEO !_”.

Uniqlo (Paris)

5. Et après ? L’expérience à l’étranger, boosteur de carrière

La question du retour est omniprésente lorsque l’on vit à l’étranger. Que l’on choisisse de rentrer ou de prolonger son séjour, l’expatriation est un accélérateur de carrière. Les pays anglo-saxons sont notamment connus pour donner leur chance aux employés et accorder rapidement des promotions comme le confirme Anaïs : “Ce que j’aime le plus en Angleterre, c’est qu’on te fait confiance très vite si tu fais tes preuves. En France je n’aurais jamais eu la progression que j’ai eue ici, en 3 ans j’ai eu 4 promotions.”

Le choix d’un retour en France est tout aussi bénéfique : outre la maîtrise parfaite d’une seconde langue, vrai plus sur un CV, l’expérience à l’étranger témoigne d’une personnalité ouverte, curieuse avec une grande capacité d’adaptation, des qualités reconnues et utiles quelle que soit l’orientation professionnelle choisie.

Vous hésitez encore à boucler vos valises ? Voici un résumé des atouts d’une expérience à l’étranger :

  • Maitriser parfaitement une langue étrangère
  • Donner une dimension internationale à son CV
  • S’immerger dans une culture totalement différente
  • Prendre confiance en soi en surmontant les barrières culturelles
  • Développer sa capacité d’adaptation pour s’intégrer rapidement
  • S’ouvrir à de nouvelles méthodes de travail
  • Apprendre sur soi-même au contact de personnes d’horizons différents

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Photo by WTTJ @ Uniqlo