Stress, anxiété, crise d'angoisse au travail : comment reconnaître ses symptômes ?

Apr 18, 2024

7 mins

Stress, anxiété, crise d'angoisse au travail : comment reconnaître ses symptômes ?

Stress, anxiété, crise d’angoisse… Ces maux communs dans le monde du travail moderne touchent de plus en plus de salariés. Mais avec des symptômes proches, il n’est pas toujours aisé de faire le distinguo entre ces troubles… Pourtant ce premier diagnostic est essentiel pour mieux prévenir et agir sur le mal qui nous affecte au boulot. Faisons le point.

Selon une étude menée par OpinionWay en 2017 et relayée par les laboratoires Pileje, neuf Français sur 10 sont touchés par le stress et l’anxiété au cours de leur vie - et donc de leur carrière. Et, dans une moindre mesure, 1 à 3 % sont sujets aux crises d’angoisse. Ces troubles sont étroitement liés, comme l’explique Christophe Nguyen, psychologue et spécialiste des risques psychosociaux en entreprise, grâce à ce schéma : « Ces trois troubles sont comme un entonnoir : le stress est la première étape, qui, s’il devient chronique, évolue vers l’anxiété, et l’accumulation de ces deux premiers peut mener à la crise d’angoisse. » Une fois le lien établi entre ces maux, reste à pouvoir se situer personnellement pour agir en conséquences si l’on en souffre au travail… Pour un premier auto-diagnostic de notre état, on passe au crible leurs différentes caractéristiques.

Bon vs mauvais stress

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit le stress comme étant « un état d’inquiétude ou de tension mentale causé par des situations difficiles », et la sphère professionnelle n’en manque pas ! Mais aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, le stress n’est pas que négatif en tant que tel. En effet, il s’agit d’une réponse naturelle du corps. À l’origine, cette réaction primitive nous permettait de réagir rapidement face au danger pour survivre. Aujourd’hui, bien que nous ne risquions plus d’êtres dévorés par un animal sauvage en se pointant au bureau, le mécanisme reste similaire : le stress mobilise une réponse hormonale et physiologique qui, cette fois, nous aide à effectuer nos tâches et à mieux relever nos défis du quotidien.

On distingue ainsi le « bon stress » qui favorise la productivité, du « mauvais stress », celui qui nous nuit et se traduit par les symptômes suivants :

  • Des difficultés de concentration
  • Des difficultés à se détendre
  • Des douleurs (maux de tête, maux d’estomac)
  • Une accélération du rythme cardiaque
  • Des difficultés respiratoires
  • Des troubles du sommeil
  • Une perte ou une augmentation de l’appétit
  • Des émotions fortes telles que la peur, de l’inquiétude ou une irritabilité passagère

Tant que le stress et ses effets, même négatifs, restent ponctuels, comme à l’orée d’un projet important ou d’une période chargée au travail, la plupart d’entre nous peuvent y faire face sans gravité. Suivi d’une période de calme où le corps et l’esprit peuvent se ressourcer, ce stress ponctuel n’aura aucune incidence. En revanche, s’il persiste dans le temps en devenant chronique, il se mue en anxiété qui peut aggraver ou causer des problèmes de santé physique et mentale, nécessitant une prise en charge.

Anxiété et consœurs

Contrairement au stress, l’anxiété est « l’anticipation d’une menace future, précise la Clinique Psychologique du Québec. Elle s’accompagne d’un sentiment désagréable d’appréhension, d’une tension musculaire et d’un état de vigilance. » Une émotion là aussi courante, qui se dissipe facilement la plupart du temps. Au travail, de nombreux facteurs la favorisent : le syndrome de l’imposteur, une pression constante à la performance, des relations problématiques avec ses collègues ou sa hiérarchie, une charge de travail excessive ou encore le harcèlement. Souvent, ce trouble se manifeste quand l’équilibre du rythme de travail quotidien est brisé.

L’anxiété provoque l’apparition de symptômes tels que :

  • La fatigue
  • Les troubles du sommeil
  • Les maux de tête
  • Les étourdissements, les vertiges
  • Les nausées, diarrhées ou inconforts abdominaux
  • Les palpitations ou accélération cardiaques
  • La sensation d’étouffement etc.

Lorsque l’anxiété devient pathologique, c’est-à-dire que les inquiétudes sont irréalistes et exagérées par rapport à la situation vécue et surtout que la peur persiste, on bascule dans le trouble anxieux qui est une maladie handicapante au quotidien. Celui-ci peut entraîner un niveau de détresse important nécessitant une prise en charge médicale.

De même, d’autres troubles proches du trouble anxieux peuvent s’additionner :

  • L’anxiété généralisée : un état d’inquiétude constant, provenant de diverses origines personnelles ou professionnelles. Elle affecte le quotidien et se manifeste par des difficultés à travailler, une tendance à procrastiner et à oublier les délais, ainsi qu’une inquiétude excessive liée au travail. Une forte impression d’être dépassé, une inquiétude excessive liée au travail et aux tâches à accomplir, une sensation d’angoisse à l’idée d’aller travailler ou le fameux blues du dimanche soir. Mais ça peut aussi être une réaction démesurée aux feedbacks de l’équipe ou une tendance à ne retenir que le côté négatif du travail ou de l’environnement de travail. Dans ce cas, le degré de ressenti est largement supérieur à la réalité et se déclare par des maux de tête, des douleurs musculaires ou encore de la fatigue et des insomnies…

  • La phobie sociale : une peur du regard des autres et du jugement avant même toute interaction sociale. Dans ce cas là, l’enfer au travail, c’est les autres. Elle se traduit par une compétition constante avec les autres et une peur exacerbée de prendre la parole en public. Pas évident pour se sentir à l’aise en réunion ou nourrir des relations saines avec ses collègues. Dans un cas de phobie sociale, notre cerveau est bien souvent en surchauffe et se demande en permanence ce que pensent les autres de nous.

  • La phobie spécifique : une peur liée à un objet, un animal ou une situation. Dans le cadre professionnel, elle englobe tout ce qui peut réveiller une sensation de malaise comme les réunions par exemple. Les phobies spécifiques se règlent par deux méthodes : par exposition ou par médication. Dans les deux cas, on peut mieux vivre avec cette peur.

  • Le TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) : un besoin de répéter une tâche ou un acte spécifique. Un TOC se répercute autant sur la vie personnelle que professionnelle. Au travail, il est fréquent que les personnes atteintes de TOC aient une personnalité perfectionniste, ce qui peut parfois les pousser à travailler beaucoup plus que raison.

  • Et enfin, le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) : qui survient après un choc tel qu’un accident de voiture ou du harcèlement prolongé au travail. Pendant plusieurs mois, il fait revivre des instants de ce choc, provoquant une hyper vigilance liée au traumatisme. Dans le milieu professionnel, la plupart des gens touchés par un TSPT éprouvent une baisse de rendement qui sera perceptible par le manager. Une personne souffrant de stress post-traumatique peut avoir un comportement irritable avec des colères intempestives dues à une crispation constante. Une personne sur deux s’adonne à une consommation excessive d’alcool et une sur cinq aux drogues.

Ces troubles, déjà handicapants au quotidien et au travail, peuvent conduire à des manifestations aiguës, telles que des crises d’angoisse.

S.O.S. : crise d’angoisse

Enfin, le trouble panique, plus communément appelé « crise d’angoisse », est « un épisode de peur soudaine et intense ». La durée d’un épisode peut durer de quelques minutes jusqu’à une heure (mais cela varie selon chaque individu).

C’est une perte de contrôle dont les symptômes sont :

  • La peur de « devenir fou » ; de mourir et / ou de perdre le contrôle de soi-même
  • Le sentiment de dépersonnalisation (oubli de qui on est)
  • L’impression de se trouver dans un lieu étranger, un monde irréel (les couleurs changent, les formes se modifient…)
  • Des sensation de vertiges, de tête vide, d’étourdissement, ou d’être sur le point de s’évanouir
  • Des nausées, des troubles digestifs comme des diarrhées ou des douleurs abdominales
  • Des douleurs ou une gêne thoracique
  • Une sensation de souffle coupé, un essoufflement ou un manque d’air, d’étranglement, de suffocation
  • Des palpitations cardiaques, un rythme cardiaque beaucoup plus rapide, des douleurs thoraciques
  • Des frissons, des bouffées de chaleur, ou des sueurs abondantes
  • Des tremblements, des secousses musculaires, des engourdissement ou des picotements
  • Une impressions que vos jambes se dérobent (sensation de ne plus pouvoir tenir debout)

Quand la crise se déclenche, on se réfugie souvent dans une agitation désordonnée ou la fuite du lieu qui semble dangereux. On va souvent avoir le réflêxe de demander de l’aide aux personnes alentour ou au contraire, rester complètement inerte, presque tétanisé par son propre état. Au bureau, les crises d’angoisses sont particulièrement handicapantes puisqu’elles peuvent survenir à tout instant, et empêcher de travailler normalement pour la journée. L’anticipation constante des crises d’angoisse cause une hyper vigilance qui conduit à organiser sa vie autour de ce trouble. Par exemple, lors d’une recherche de stage, d’alternance ou d’un emploi, cela peut pousser à sélectionner le poste en fonction de la distance à parcourir, par peur de faire une crise dans les transports.

Au travail, une crise d’angoisse peut apparaître de manière aléatoire dans un instant de stress intense, mais elle peut aussi apparaître à cause d’autres facteurs tels que :

  • Un événement traumatisant (ex : accident de voiture, harcèlement au travail..)
  • Une période de fatigue ou de perturbation émotionnelle
  • Une prise de produits toxiques ou stimulants comme : l’alcool, le tabac, du cannabis, de la cocaïne, des hallucinogènes ou des amphétamines.
  • La prise de certains médicaments.

Le stress, l’anxiété et les crises d’angoisse peuvent apparaître de manière intempestive et disparaître rapidement. Ce sont des réactions intenses mais transitoires. Cependant, s’ils deviennent récurrents sans raison apparente, il est nécessaire de s’interroger sur la nécessité d’un traitement. Si vous observez l’apparition de signaux, même très faibles, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé. Vous recevrez une écoute attentive et des conseils appropriés si vos soupçons s’avèrent justes.

Les solutions au travail

Pour soulager ces maux, Christophe NGuyen recommande plusieurs actions :

Prendre contact avec les Ressources Humaines

Certaines entreprises mettent en place des ateliers, des formations et/ou des groupes de parole sur la santé mentale qui peuvent vous aider. De même, au sein de l’entreprise il peut y avoir des personnes référentes sur le trouble en question qui peuvent vous conseiller, vous aiguiller et vous écouter en toute bienveillance.

Discuter avec votre manager

C’est l’occasion de faire le point sur votre charge de travail, de repérer les tâches qui vous posent problème, de revoir vos missions ou de réorganiser vos journées. Travailler mieux pour moins stresser, en somme. Pour rassurer et guider votre manager, assurez-vous d’avoir un diagnostic clair sur votre état de santé en consultant au préalable un médecin généraliste. Cela vous permettra de donner les bonnes clefs de compréhension à votre manager sur ce dont vous avez besoin pour gérer votre trouble au quotidien.

Réagir le plus tôt possible

N’attendez pas d’atteindre le point de non-retour pour agir ! Ces troubles peuvent former une comorbidité avec d’autres problèmes de santé déjà présents (ex : épilepsie), et ils peuvent aussi provoquer une dépression ou des maladies cardiovasculaires. Ecoutez les petits signaux que votre corps vous transmet vous permettra de bénéficier d’un accompagnement adéquat pour réduire votre niveau de stress et éviter ses conséquences désastreuses.

Maintenant que ces troubles vous sont familiers vous serez plus à même de les identifier pour mieux réagir dès les premiers signaux annonciateurs de leur venue.

Article rédigé par Marguerite Valière, édité par Aurélie Cerffond, photographie par Thomas Decamps

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