6 conseils pour construire une carrière sans regret

08 abr 2024

7 min

6 conseils pour construire une carrière sans regret
autor
Sarah Torné

Rédactrice & Copywriter B2B

colaborador

« Mieux vaut vivre avec des remords qu'avec des regrets », lance-t-on souvent à la volée, pour encourager un ami à tenter sa chance. Cette maxime populaire se fait l’écho d'une vie pleine et assumée, nous poussant à l'expérience plutôt qu’à la passivité.

Elle résonne avec une force toute particulière dans nos quotidiens professionnels. Lancer son entreprise, pivoter radicalement (ou plus subtilement) de carrière, ou prendre une année sabbatique : chaque décision peut marquer le début d’une réussite fulgurante ou d’un apprentissage douloureux - mais indispensable. Ces décisions cruciales, au-delà de nous exposer à nos peurs et doutes, révèlent notre véritable potentiel. Le cœur du défi n’est pas la peur de l’échec, mais l’hésitation à agir pleinement, limitée par la peur de ne pas vivre à la hauteur de nos aspirations.

Comment, alors, construire une carrière sans regrets ? Camille Toselli, Coach en carrière certifiée, partage ses stratégies pour faire des choix professionnels éclairés, tirer le meilleur de chaque expérience et avancer sans laisser de place au regret.

Pourquoi éviter les regrets est crucial dans une carrière

Si le remords est un signe que nous avons vécu pleinement (quand bien même chaque décision ne s’est pas soldée par un succès), le regret découle de l’inaction, de l’occasion manquée. C’est le poids du « et si ? » qui nous hante, le sentiment lancinant d’une route non prise.

Les regrets professionnels et leur impact psychologique

Camille Toselli, Coach carrière certifiée, révèle : « Le regret le plus commun parmi les professionnels que j’accompagne est de ne pas avoir vécu une carrière alignée avec leurs envies. Beaucoup, dit-elle, se retrouvent sur une voie toute tracée par des influences extérieures, réalisant tardivement qu’ils ont suivi un chemin dicté par d’autres – l’entourage, les parents – au lieu d’écouter leurs propres désirs et intuitions. »

L’experte identifie un deuxième regret majeur, relié directement à la peur n°1 au travail : prendre des décisions. « Ils regrettent souvent de ne pas avoir pris plus de risque, de ne pas s’être écouté, d’avoir eu peur, de ne pas avoir écouté leurs intuitions… »

Les regrets, c’est un peu le sable mouvant de notre estime de soi : plus on y pense, plus on s’enfonce. Ils brouillent notre motivation, nous faisant redouter l’avenir comme si chaque nouvelle opportunité était un piège potentiel, une erreur passée prête à se répéter. Insidieusement, ils finissent par nuire à notre bien-être général, nous plongeant dans un état de rumination constante sur ce qui aurait pu être.

Réussir avec audace, échouer sans regrets

Éviter les regrets, c’est donc choisir de vivre une carrière guidée par l’audace et l’apprentissage. C’est reconnaître que chaque expérience, réussie ou non, est une pierre à l’édifice à notre développement professionnel et personnel. Car même avec la meilleure préparation, l’issue ne garantit pas toujours le succès escompté. C’est là que réside une vérité fondamentale : même en cas d’échec, l’expérience reste porteuse de leçons.

Julien, 34 ans, a vécu l’une de ces expériences professionnelles que beaucoup redoutent : l’échec d’une entreprise qu’il avait fondée avec passion et acharnement. Son projet, une application mobile, n’a pas rencontré le succès escompté. Après deux années d’intenses efforts et d’investissement personnel et financier, Julien a dû se résoudre à fermer sa start-up. « Quand j’ai dû mettre la clé sous la porte, j’ai ressenti un mélange écrasant de déception et de honte. Pendant des mois, je me suis réveillé en me demandant où ça avait mal tourné, ce que j’aurais pu faire différemment », se remémore-t-il.

Cependant, avec le recul, sa perception de cet échec a radicalement changé. « Avec le temps, j’ai commencé à voir cet échec non pas comme une fin, mais comme une partie cruciale de mon parcours d’apprentissage. J’ai réalisé que, malgré les difficultés, j’avais acquis une expérience inestimable. » Résilience, capacité à prendre des décisions sous pression, compétences en gestion et leadership… Julien ne compte plus le nombre de nouvelles compétences qu’il a développées. Et par-dessus tout, il a acquis une meilleure compréhension de lui-même et de ses limites : « L’échec m’a enseigné l’humilité et la nécessité de demander de l’aide, de m’entourer des bonnes personnes. »

Stratégies pour construire une carrière sans regrets

Camille Toselli, coach carrière certifiée, nous propose un arsenal de techniques et d’approches pour prendre en main son destin professionnel.

1. Agrandir sa zone de confort

Contrairement à l’idée reçue qui encourage à en sortir, l’approche de Camille Toselli est plus nuancée et réfléchie. « Attention à ne pas diaboliser la zone de confort », prévient-elle. Essentielle à notre équilibre, elle représente le socle sur lequel reposent nos compétences éprouvées. « Elle constitue la base à partir de laquelle nous mobilisons nos compétences acquises ; elle est rassurante, peu exigeante d’un point de vue stress, ce qui est bénéfique pour notre confiance en soi… du moins pendant un temps. »

Le véritable risque ? Tomber dans l’ennui et la stagnation. « À un moment donné, on peut ne plus se sentir challengé, notre travail devient trop facile. Un ronron qui enferme dans une routine. » L’experte alerte sur le danger de ne plus se trouver dans une démarche d’apprentissage et de progression, soulignant l’importance cruciale de faire évoluer cette zone de confort sans nécessairement la quitter.

Le vrai défi réside alors dans l’élargissement progressif de cette zone. « Ce qui demande du courage », souligne Camille Toselli. Car cet agrandissement mène d’abord à une zone de peur « celle de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur ». Mais une fois dépassée, on arrive dans une zone d’apprentissage, un espace où « on rationalise ses peurs, on s’entoure des bonnes personnes, et on assume ses choix. »

2. S’entourer pour mieux avancer

Atteindre une carrière épanouissante sans regrets demande parfois de briser le sentiment d’isolement en cherchant soutien et inspiration au sein de son réseau. « Dans les moments de doute, beaucoup se sentent isolés, perdent confiance en eux, créant un cercle vicieux difficile à briser seul. Partager ses défis et ambitions avec son entourage, que ce soit personnel ou professionnel, peut ouvrir des horizons inexplorés », explique la coach. Cette démarche de partage est le remède contre l’isolement, et offre une perspective neuve, souvent plus optimiste.

L’experte insiste sur la valeur de s’appuyer sur une communauté diversifiée, incluant famille, amis, collègues, ou des professionnels tels que des mentors ou des coachs. Le but est « d’ouvrir » des perspectives qu’on n’arriverait pas à ouvrir tout seul. Et de sortir de la solitude.

3. Déployer ses antennes

Cette métaphore illustre l’importance d’être à l’affût des opportunités d’apprentissage et d’inspiration, qui se trouvent souvent juste sous nos yeux, prêtes à être saisies. « Déployer ses antennes, c’est faire l’effort conscient de s’ouvrir à ce qui se passe autour de nous, de s’immerger dans de nouvelles expériences qui peuvent enrichir notre parcours professionnel », décrit la coach.

Pour rester réceptif et ouvert, Camille Toselli suggère plusieurs stratégies pratiques :
1. Chercher activement l’inspiration : « L’inspiration peut venir de partout : podcasts, livres, discussions. »
2. Continuer à se former : « L’éducation continue, que ce soit par des cours en ligne, des ateliers ou des masterclass, est essentielle pour enrichir sa palette de compétences et affiner la vision de sa carrière. »
3. Accepter les conversations : « Accepter l’appel d’un chasseur de têtes même sans être activement en recherche, rester ouvert et curieux aux rencontres, c’est se donner la chance de découvrir des chemins inattendus. »

Attention, en revanche, à un aspect sous-estimé : « Déployer ses antennes demande de libérer du temps et de l’espace. » Dans notre quotidien souvent surchargé, c’est un investissement , qui peut mener à des opportunités parfois inattendues.

4. Se questionner en profondeur

Pour éviter les regrets, Camille Toselli met l’accent sur l’importance de se poser les bonnes questions pour définir avec précision nos véritables désirs et besoins. « De quoi ai-je envie ? De quoi ai-je besoin ? On a tendance à s’enfermer, à dramatiser nos situations », explique-t-elle.

Cette démarche d’introspection vise à remplacer le réflexe de penser « je me sens coincé.e » par « concrètement, de quoi j’ai envie ? »

L’experte encourage à ne pas percevoir le besoin de changement comme une nécessité de bouleversement total. « Parfois, un petit ajustement, une nouvelle compétence acquise ou un léger décalage dans nos tâches peut transformer un cercle vicieux de frustration en un élan vital d’épanouissement. »

5. Pratiquer la « technique des petits pas »

Cette méthode pragmatique matérialise progressivement nos objectifs professionnels. « L’image de l’escalier est parlante : on aperçoit le sommet, le résultat final, mais pour y parvenir, il est essentiel de franchir une marche après l’autre », détaille Camille Toselli. Cette approche permet de décomposer les grands objectifs en tâches plus petites et gérables, rendant le processus moins écrasant et plus réalisable. « Il s’agit de rendre le tout le plus réel et concret possible, marche après marche, via un plan d’action tangible. Cela aide à sortir de la procrastination en visualisant clairement la première marche à franchir », ajoute-t-elle.

Pour ceux qui envisagent de faire un grand changement dans leur carrière mais qui hésitent à faire le premier pas, Camille Toselli suggère des actions initiales simples mais significatives. « Commencez par vous renseigner sur le métier qui vous intéresse, interviewez des personnes exerçant cette profession, renseignez-vous sur les entreprises cibles, faites une liste de souhaits, examinez votre réseau pour des contacts pertinents, actualisez votre CV, demandez un rendez-vous à votre manager ou renseignez-vous sur les possibilités de transition professionnelle. »

6. Être flexitarien dans sa carrière

Cette approche, empruntée à la notion alimentaire, suggère un équilibre entre le maintien d’un socle de principes professionnels stables et l’ouverture à des expériences variées. « La carrière que vous imaginez aujourd’hui pourrait ne pas être celle que vous aurez demain, et c’est parfaitement normal », évoque Camille Toselli. Il faut donc être en capacité de s’adapter aux changements de l’environnement, aux nouvelles tendances du marché, et même à nos propres évolutions en termes de désirs et d’aspirations. Être flexible dans sa carrière, c’est donc accepter l’incertitude comme une composante intrinsèque de notre développement professionnel, et non comme une menace.

Dans cette optique, Camille Toselli souligne l’importance d’avoir à la fois un plan A et un plan B. « Anticiper différents scénarios permet de réagir avec agilité aux imprévus. Si le plan A rencontre des difficultés, avoir un plan B prêt à l’emploi assure que vous continuez à avancer, plutôt que de stagner. »

L’experte rappelle l’importance de ne pas s’enfermer dans un plan de carrière rigide à long terme, mais plutôt de viser des objectifs à court terme, en gardant l’esprit ouvert. « Fixer son horizon à deux ans peut être plus judicieux car ça permet de réajuster régulièrement son parcours sans perdre de vue ses aspirations profondes. »

La quête d’une carrière sans regrets exige donc plus que de la prudence : elle requiert de l’audace et de la persévérance. C’est une invitation à défier nos peurs, à embrasser chaque opportunité et à affronter les épreuves avec sagesse. Ce qui compte, c’est notre capacité à nous réinventer, à accueillir le changement et à aligner nos actions sur ce qui nous anime profondément. Ainsi, quand viendra le moment de jeter un regard rétrospectif sur notre parcours, il se révélera non comme une série de regrets et de « et si ? », mais comme un récit de choix courageux qui ont sculpté une existence professionnelle épanouie.

Article écrit par Sarah Torne, édité par Aurélie Cerffond ; Photo de Thomas Decamps

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