Focus sur… les Hackathons : l’essentiel à savoir sur ce phénomène-clé

01 oct 2017

6 min

Focus sur… les Hackathons : l’essentiel à savoir sur ce phénomène-clé

Vous en avez forcément entendu parler et vous vous êtes tous déjà imaginés un rassemblement d’adolescents à lunettes, les yeux rougis par l’écran et des pantoufles aux pieds. Pourtant un Hackathon c’est bien plus que cela.

C’est un nouveau modèle d’innovation qui prend de plus en plus d’ampleur dans le monde entier. Les étudiants en raffolent et les entreprises ont appris à l’utiliser pour accélérer un projet, pour repérer de nouveaux talents ou simplement pour faire parler d’elles. Décryptage rapide et efficace !

Définition

Un Hackaton est un évènement regroupant des personnes aux compétences variées autour d’un but commun pendant une courte période. Les profils sont à majorité des programmeurs informatiques mais on peut y trouver tous les autres corps de métier impliqués dans le développement de softwares : entrepreneurs, graphistes, gestionnaires de projets, concepteurs d’interface, data-scientists…

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un Hackathon n’a rien à voir avec le piratage (ou le hacking) au sens propre du terme. Pour les concours de ce genre, il faut regarder du côté des « War Games » qui consistent à tester la vulnérabilité d’un système ou d’une application pour le compte d’une entreprise.

Fonctionnement & utilité

Les participants sont réunis par équipes pour résoudre une problématique en construisant une solution sous forme d’application, de site web ou encore de robot. Cette alchimie entre collaboration anodine et compétition acharnée, catalysée par le sentiment d’urgence, permet de stimuler la créativité des participants pour provoquer l’innovation. L’équipe ayant obtenu le meilleur résultat à la fin du temps imparti, est désignée victorieuse par le jury.

Les Hackathons peuvent être utilisés dans un cadre éducatif mais ils sont principalement organisés par les entreprises pour obtenir un logiciel ou une application exploitable en un temps record. Certains Hackathons peuvent aussi servir à tester les compétences techniques et relationnelles d’un développeur candidat.

Les Origines

Le mot en lui-même est un subtil mélange entre « hack », qui désigne dans ce cas-là de la programmation explorative et « marathon », en référence à l’effort soutenu que les participants doivent exercer, nécessitant une certaine endurance intellectuelle.

Il fut entendu pour la première fois en 1999. Cette année-là, John Gage, vice-président de Sun Microsystems (racheté 7.4 milliards de dollars par Oracle en 2010), challenge les participants de la conférence JavaOne de coder un programme pour le nouveau Palm V (un des ancêtres du smartphone). L’équipe Marketing de l’entreprise nomma l’évènement « Hackathon » et l’objectif des compétiteurs était de développer une nouvelle fonctionnalité infrarouge pour l’appareil. La même année, les créateurs du système d’exploitation OpenBSD utilisèrent le terme « Hackathon » lors d’un évènement à Calgary (CAN), rassemblant une dizaine de développeurs informatique travaillant sur des systèmes de cryptographie.

Le principe du Hackathon se démocratisa dans les entreprises à partir des années 2000. À cet époque, le modèle était surtout utilisé en interne, pour des questions de confidentialité et les sujets étaient majoritairement à portée technologique. Ce n’est que plus tard que ces évènements furent ouverts au public et à des causes plus variées. Apparurent également les « start-up week-ends » qui fonctionnent sur le même principe que les Hackathons, mais avec une dimension technologique moins prononcée.

Déroulement concret

Le modèle de fonctionnement des Hackathons est assez universel. Lorsqu’il est public, il se déroule généralement durant le week-end afin de maximiser les participations. En revanche, lorsqu’il est en interne, il peut se dérouler durant les horaires de travail.

  • Pour commencer, les organisateurs présentent l’évènement, les partenaires, les ressources mises à disposition, le sujet du Hackathon ainsi que les prix à gagner. S’en suivent des exercices de team building ou de prise de parole afin de laisser s’exprimer certains participants et de former des équipes complémentaires basées sur les compétences et les intérêts de chacun.
  • Lorsque le top-départ est donné, chaque équipe s’organise comme elle le souhaite. Parfois les organisateurs fournissent de la nourriture et des couchages, mais en général, chacun fait comme il peut et c’est aux participants de s’arranger. Il est coutumier d’assister à des moments de détente collectifs comme des batailles de nerfs ou des séances de yoga pour relâcher la pression un minimum. Bien que les équipes soient livrées à elles-mêmes, il arrive que des coachs ou des experts circulent pour leur donner des avis ou les aiguiller.
  • À la fin du temps imparti, les équipes viennent présenter tour à tour le résultat de leur travail, en faisant une démonstration en direct ou en montrant une vidéo de leur aboutissement. Le jury se charge alors de désigner un gagnant et d’éventuellement remettre un prix. En 2013, Salesforce a remis un chèque de 1 million d’euros aux vainqueurs de son Hackathon. C’est, jusqu’à aujourd’hui, le plus grand prix jamais versé pour ce genre d’évènement.

Mais le Hackathon ne s’arrête pas là. Les participants mettent leur création à disposition en open-source pour que chacun puisse tenter de faire évoluer la solution ou simplement d’apprendre de ce qui a été fait.

L’avis d’un participant

Lorsque l’on demande à Adrien, étudiant de 22 ans à Centrale Lille, pourquoi il en est déjà à bientôt 10 participations à des Hackathons, il nous confie :

« J’y participe pour le fun, le plus souvent avec des potes. Je recherche le challenge technique et le travail en équipe, tout en ayant à l’esprit le dépassement de soi, le tout en gagnant en visibilité auprès des entreprises. En général je choisis des Hackathons organisés près de chez moi, mais il m’arrive de me déplacer pour ceux organisés par des entreprises très intéressantes pour mon avenir. »

Sa participation au développement de nombreux projets a inspiré Adrien pour la création de sa première entreprise ayant pour objectif « d’aider les startups et les grands groupes à accélérer le développement de leurs objets connectés. » Il a également multiplié ses points d’entrée dans des nombreuses entreprises tech et récolte à chaque participation, une dizaine de cartes de visite.

L’anecdote à connaître

Certains concepts célèbres sont nés lors de Hackathons. Pedram Keyani, Engineering Director chez Facebook, confia dans son article « Stay Focused and Keep Hacking » que de nombreuses fonctionnalités clés du réseau social furent imaginées lors de Hackathons internes : le bouton like, le chat, la vidéo et même le fil d’actualité.

« Il y a quelques années, un stagiaire a construit la fonctionnalité permettant de tagger quelqu’un dans un commentaire durant l’un de nos Hackathons. Quand il l’a présenté devant le jury, la réaction fut la même pour tous : on ne pouvait croire que quelqu’un n’avait pas encore construit cette fonctionnalité ! En 2 semaines, elle fut utilisée par 100% des utilisateurs » précise-t-il.

Il est arrivé que des entreprises voient le jour lors de Hackathons. C’est le cas de :

  • GroupMe, racheté par Skype en 2011 pour 85 millions de dollars, qui fut créé lors d’un Hackathon organisé par le TechChrunch Disrupt en 2010.
  • Et EasyTaxi, conçu lors du Start-Up Week-end Rio 2011, est aujourd’hui l’application de taxi la plus téléchargée à travers le monde.

L’avenir

Pourtant, les Hackathons ont aussi leur lot de détracteurs :

  • Il leur est reproché d’encourager de mauvaises habitudes alimentaires et de sommeil. En effet, la plupart des participants, ne souhaitant pas perdre de temps, décident d’ignorer les signaux de fatigue et de se nourrir sur le pouce devant leurs écrans. Les conséquences sur la santé des participants est donc jugée considérable.
  • De plus, en créant une situation d’urgence auprès des équipes, les organisateurs encourent le risque d’obtenir des résultats bâclés, voire non exploitables. Les participants ont peu de temps pour produire une solution qui marquera les esprits, ils se concentrent donc sur un code flashy mais sans profondeur.

Ce modèle d’innovation a également suscité beaucoup d’intérêt chez les sociologues, que ce soit pour leur fonctionnement ou leur impact sur la société. Une étude d’Harvard intitulée You can’t just hack your way to social change tira la conclusion que les Hackathons ne sont pas la bonne méthode pour résoudre de grosses problématiques sociales internationales (pollution, pauvreté, éducation…) mais qu’ils sont plus pertinents sur les actions à court terme dans une communauté précise.

Plusieurs exemples viennent tout de même démentir les résultats de cette recherche. Le plus parlant est celui de la solution « AIR : Augmented Infant Resuscitator », développée lors d’un Hackathon organisé par le Mass General Hospital et le MIT H@cking Medecine en 2012. Cet appareil médical a été conçu pour sauver la vie de 1.8M de nouveau-nés par an à travers le monde !

Malgré ces controverses, le modèle des Hackathons se démocratise chaque année un peu plus. L’ensemble des secteurs d’activité est aujourd’hui concerné et la collaboration de profils de plus en plus variés permet, à chacun de ces évènements, de favoriser l’innovation. Maintenant à vous de juger… Les Hackathons : more hype than impact ?

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Les tribus de Welcome to the Jungle raffolent des Hackathons ! Les suivantes en organisent même en interne et/ou encouragent leurs employés à y participer :

  • Carbon IT, société de Conseil et d’Expertise en développement. Tous les mois sont organisés des conférences et des ateliers en soirée, mais aussi en journée pour aller plus loin sur les sujets. Les employés peuvent également faire des hackathons, des codings parties, et du développement produit.
  • PALO IT, accélérateur de disruption, constructeur de solutions et de cultures digitales fondé en 2009 à Paris. Ils ont même une PALO IT Academy : des sessions mensuelles de certifications et de partage de connaissances (conférences, barcamps, workshops, hackathons, meetups).
  • Seelk, premier acteur Européen à opérer les activités e-commerce de marques internationales sur les plus grandes Marketplaces comme Amazon, eBay, Rakuten, Cdiscount ou Zalando. Des hackathons sont organisés tous les deux mois pour développer une app pour l’équipe business !
  • Smart Side, entreprise engagée écologiquement et socialement, construisant des logiciels innovants pour accompagner les énergéticiens dans la mise en place du Smart Metering et le développement des Smart Grids.
  • SUPRALOG, créateur de solutions numériques innovantes.

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Photo by WTTJ @Carbon IT

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