10 conseils pour mieux vivre sa période de chômage

13 déc. 2017

8min

10 conseils pour mieux vivre sa période de chômage
auteur.e
Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Ennui, angoisse et insomnie… Voilà les premiers acolytes auxquels on pense lorsque le chômage s’invite dans nos vies.

Comme si cette période était une performance comme une autre, une énième tâche dans notre to-do list qu’il nous fallait rentabiliser au plus vite. Pourtant le chômage est aussi une pause entre des périodes de travail au rythme souvent effréné, la possibilité de se retrouver, d’explorer ses envies. À condition, bien sûr, de s’écouter. Cécile Pichon, psychologue du travail, nous aide à y parvenir pour vivre cette période de manière apaisée.

Il n’y a rien d’anormal à appréhender une période de chômage dans la mesure où il s’agit d’une période souvent subie. On perd le contrôle de son quotidien jusque-là rondement mené, et on se retrouve en plein dans une terre inconnue qu’il nous faut occuper. « La période de chômage peut s’avérer d’autant plus difficile qu’elle vient généralement réactiver nos conflits intérieurs, comme le doute, l’anxiété ou le manque de confiance en soi », analyse la psychologue du travail Cécile Pichon. Chaque problématique enfouie est alors mise en lumière par ce temps de pause où le monde tourne au ralenti. « Les besoins vont donc différer d’une personne à l’autre, révèle la spécialiste. Et pour trouver des réponses adaptées pour y répondre pendant cette période, il faut d’abord les identifier. » Alors comment traverser sa période de chômage avec sérénité ?

1. Lâcher prise

Le plus important ici est de comprendre qu’il s’agit d’une période qui peut déstabiliser psychologiquement notre image sociale. Autrement dit, elle nous laisse à la merci des pressions extérieures, des diktats et peut favoriser un sentiment de vulnérabilité à l’égard des autres mais aussi de nous-même. « Alors avant toute chose, pensez à vous lâcher la grappe », encourage Cécile Pichon. La clé ? « Rester connecté à soi et à ses envies, pointe du doigt la psychologue. Si on sent qu’on surchauffe à force de ne penser qu’à ça, c’est qu’on est dans le devoir, dans l’obligation de faire et les problèmes commencent ». Et de fait, la panique, le stress et les prises de tête sont plus souvent contre-productives dans la mesure où elles immobilisent plus qu’elles ne motivent. Alors laissez-vous tranquille !

2. Se libérer du regard des autres

La période de chômage s’entoure souvent de nombreuses injonctions. La nécessité de s’occuper intelligemment, de continuer à se former, de ne pas la laisser s’éterniser… « Il y a ceux pour qui le sport est le secret, d’autres pour qui le réveil le plus matinal possible change tout, illustre Cécile Pichon. Ceux pour qui il ne faut pas s’arrêter de bosser, ceux qui connaissent un pote qui peut aider à rester motivé, à réseauter. » Chacun y va de son conseil pour vous aider. Alors certes cela part souvent d’une bonne intention, et pour la plupart des gens, cela peut même s’avérer efficace. « Mais ce n’est pas parce que ces outils fonctionnent pour les autres qu’il en sera de même pour vous, confirme l’experte. Et si cela ne correspond pas à nos besoins, alors ça ne sert à rien. » L’important va être avant tout de s’écouter sans s’arrêter sur ce que les autres pensent.

3. Identifier ses besoins

On a souvent du mal à apprécier cette parenthèse qui nous est offerte car la société a tendance à valoriser la performance et la productivité au détriment du temps long. « Pourtant, une recherche d’emploi ne prend pas toutes les journées du matin jusqu’au soir pendant des semaines », soulève la psychologue. Il reste du temps à occuper. « Mais comment ? », interroge-t-elle. C’est l’une des premières questions à se poser avant d’envisager la suite. Et pour identifier vos besoins pour mieux traverser cette période charnière, pourquoi ne pas mettre en place un plan d’action ? « Rassurez-vous, il ne s’agit pas de mettre toutes vos angoisses à l’écrit mais de poser les contraintes réelles afin d’avoir l’esprit plus clair », recommande Cécile Pichon. Car en fonction de votre secteur de recherche et de vos obligations familiales, les emplois du temps ne vont pas être les mêmes pour tout le monde. « Une fois que ces contraintes sont prises en compte, notez tout ce que vous auriez envie de faire en parallèle de votre recherche d’emploi », poursuit la psychologue. De quoi avez-vous besoin : de repos ? De changer d’air ? D’apprendre de nouvelles choses ? De profiter de vos proches ? Non pas dans une logique de mise à profit face à un futur recruteur, mais pour vous-même.

4. Ne pas se surcharger

Faire des to-do lists est souvent une bonne idée pour garder le cap. « Mais une chose est sûre, si vous n’arrivez jamais à en voir le bout, c’est soit que les tâches à faire sont trop dures, trop nombreuses ou que vous n’avez listé que des activités qui vous ennuient », affirme Cécile Pichon. Alors oubliez les tâches punitives, vous n’avez pas besoin de vous fouetter ! « Listez plutôt des projets qui vous inspirent et vous font plaisir, recommande la psychologue. Par exemple, explorer une nouvelle idée de job qui vous intéresse, organiser des retrouvailles avec des proches qui vous font vous sentir bien, aller chercher vos enfants à l’école plus tôt, planifier un voyage, rattraper votre retard d’album photo, visiter votre grand-mère… » Une période de chômage est aussi l’occasion de vous tourner vers ce que vous n’avez jamais le temps de faire en temps normal. Prendre soin de sa santé et de son bien être est essentiel à cette période alors autorisez-vous à vous faire plaisir.

5. Rythmer ses journées sans culpabiliser

Vous l’aurez compris : dans une période de chômage, on ne peut pas passer tout son temps libre en recherche d’emploi. Quelques heures par jour peuvent suffire pour s’y consacrer et il ne faut pas s’en inquiéter. « Parfois il y a des journées un peu plus stressantes avec des délais de candidatures à rendre, constate Cécile Pichon. Mais la plupart du temps, on se lève, on check ses mails pour voir si on a des réponses de recruteurs, on réfléchit à de nouvelles annonces ou à de nouvelles personnes à contacter et ça suffit », observe Cécile Pichon. Car une fois qu’on a passé le stade de refaire son CV, de mettre son Linkdin à jour et qu’on a mis des alertes sur les sites de recrutements, il faut bien s’occuper autrement. Bien sûr il s’agit quand même de se prévoir des créneaux pour s’y consacrer. « Mais sans forcément fixer son ordinateur du matin au soir ou vous levez à l’aube si vous aimez dormir le matin, nuance l’experte. Surtout si seulement trois offres d’emploi sont publiées par semaine dans votre secteur. » Non seulement passer son temps à postuler peut nous décourager mais en plus on se retrouve à postuler à plein d’offres qui ne sont pas pertinentes pour nous.

6. Trouver le réseau pro qui nous correspond

Postuler à une annonce peut devenir un véritable tracas si on ne choisit pas la méthode qui nous convient. Car de la même manière que tout le monde ne fonctionne pas pareil en période de chômage, chaque recherche d’emploi est différente. « On entend parfois dire que les descriptifs des offres dépriment les candidats », révèle Cécile Pichon. Mais peut-être que ce n’est simplement pas la bonne manière pour ces personnes de trouver leur futur poste. « Si candidater sur Linkedin vous met mal à l’aise ou que les offres tout droit sorties des sites de recrutement vous ennuient, privilégiez plutôt le contact de votre ancien boss qui a quitté la boîte pour monter son projet, prenez des cafés avec des gens inspirants, retrouvez des copains de la fac pour voir ce qu’ils sont devenus », suggère la spécialiste. Entourez-vous ! On connait toujours quelqu’un qui connait quelqu’un dans un secteur qui nous intéresse grâce aux liens faibles.

7. S’inspirer

Le risque, lorsqu’on reste seul chez soi à postuler, c’est de tourner en rond et d’en baver. Et si vous profitiez du temps libre pour prendre de la hauteur sur votre métier ? « Car aussi dur que ça puisse paraître en recherche d’emploi, il n’y a pas que le travail qui soulage, confie Cécile Pichon. Alors profitez de cette période pour prendre le temps de vous inspirer ! » C’est l’occasion ultime pour rattraper la pile de bouquins qui s’accumule sur votre table de chevet, flânez dans des endroits que vous trouvez beaux, aller au musée et rattraper toutes les expositions manquées. Non seulement cette ouverture sur le monde qui vous entoure vous fera penser à autre chose. Mais en plus cela peut aussi vous permettre de prendre du recul vis à vis de votre situation, d’avoir des idées, de nouvelles réflexions sur ce dont vous avez envie dans votre vie… Que du bonus. Autre option qui vous permettrait aussi de networker : proposer à des professionnels qui vous inspirent de vous retrouver pour prendre un café. Vous savez, ce responsable communication dont vous admirez la créativité ou encore cette directrice des finances au parcours impressionnant pour lesquels vous rêveriez de travailler… Pourquoi ne pas simplement leur proposer un moment agréable pour échanger sur leur vie pro ?

8. Prendre des jours “off”

Être connecté à soi c’est aussi ne pas se prendre la tête si on a envie de ne rien faire pendant plusieurs jours d’affilée. Et si une annonce qui nous plaît passe à ce moment-là, pas de panique, on y répondra juste après. « Il n’est pas rare que des gens se tournent vers Pôle emploi dans des moments de souffrance ou de fatigue extrême, et qu’on leur conseille de prendre du temps pour se reposer avant tout », met en lumière Cécile Pichon. Car par moment, on n’est simplement pas en état de chercher du travail. « D’ailleurs, les jours de congés sont désormais inclus dans les dispositifs de pôle emploi, précise l’experte. N’importe quelle personne recensée a le droit de poser des congés, de partir en vacances, de la même manière qu’un salarié. » Alors mieux vaut s’accorder des jours off en étant au clair sur ses besoins. Par exemple en se disant : « cette semaine je prends un weekend de quatre jours et je sais qu’à mon retour je serais apte à me consacrer à ma recherche d’emploi. » Plutôt que de rester seul, de longues heures devant son ordinateur, à procrastiner.

9. Booster son estime de soi

Dans une période où les doutes peuvent assaillir, booster son estime de soi est essentiel. « Toutefois, cette démarche peut demander plus d’énergie qu’à un salarié dans la mesure où l’on est moins entouré, observe Cécile Pichon. Il faut donc aller chercher le contact soi-même pour obtenir des feedbacks positifs et ainsi nourrir son ego. » Et pour rester stimulé, deux moyens existent. « D’abord sur le plan personnel : entourez vous de personnes du même secteur que vous, de proches qui peuvent vous conseiller et que vous pouvez solliciter sans trop de pression, recommande la psychologue. Par exemple pour relire une candidature ou simplement parler de vos doutes et de vos envies futures quant à votre métier. » Au niveau de la stimulation professionnelle, profitez de ce temps calme pour parcourir les moocs et vous renseigner sur les innovations dans votre secteur. « Et pourquoi pas même vous former sur des nouveaux outils ? », suggère Cécile Pichon. En somme, tout ce qui pourra vous procurer un sentiment de bien-être ou de fierté avant d’aller vous coucher est une bonne idée.

10. Se faire accompagner

Si cette période est une trop grande source d’angoisse, ne restez pas seul pour y faire face. « En fonction des différentes problématiques qui vous touchent, il est important de se faire accompagner par un professionnel, confirme Cécile Pichon. Surtout si on se sent perdu, qu’on doute ou que notre dernière expérience s’est mal passée. » Alors profitez de ce temps pour aller voir un psy, un coach ou faire un bilan de compétences. Bien sûr, ce n’est pas toujours évident car cet accompagnement a un coût. Il faut alors réfléchir à la possibilité de dépenser 70€ toutes les deux semaines à cet effet. « Mais notons qu’il existe aussi des organismes publics pour l’emploi qui proposent des ateliers de coaching, ou des dispositifs chez pôle emploi pour se faire accompagner dans la démarche », ajoute la spécialiste.

Finalement, rien ne vous oblige à subir cette période de chômage à la manière d’une punition dont il faut rapidement se débarrasser. Il est aussi en votre pouvoir de vous écouter pour répondre à vos besoins. Et surtout d’accepter ce temps qui vous est offert pour penser à vous et vos futurs projets.

Article édité par Gabriele Predko ; Photo de Thomas Decamps

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