Communication | Agence VS annonceur, comment choisir ?

04 déc. 2017

5min

Communication | Agence VS annonceur, comment choisir ?
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Toute personne évoluant dans le secteur de la communication s’est forcément déjà demandé : vaut-il mieux travailler en agence ou chez l’annonceur ? Peut-on passer de l’un à l’autre et, si oui, comment et pourquoi ?

Autant de questions auxquelles il est préférable de trouver des réponses afin de faire un choix éclairé. Pour y répondre, nous avons rencontré Célia Assous, aujourd’hui Responsable marketing et Communication chez un annonceur, Rolesco, après avoir travaillé dix ans dans différentes agences de communication.

Agence vs Annonceur, au-delà des généralités

Ce sont deux univers très différents mais pourtant interdépendants et complémentaires. C’est ce qui explique que ce soit aussi intéressant de passer de l’un à l’autre car comprendre les contraintes et méthodes des personnes avec qui on travaille au quotidien est un véritable atout. Mais bien qu’il soit tentant de dresser un portrait généraliste des grandes différences existant entre agences et annonceurs, il ne faut pas oublier qu’il existe différents types d’annonceurs et différents types d’agence.

Les différents types d’agence :

Les grandes agences ne fonctionnent pas comme les petits studios de création. Dans les grandes agences, les fiches de poste sont extrêmement bien définis car la division du travail est forte. Dans un petit studio, on pourra être amené à réaliser des tâches très diversifiées. De même, une agence uniquement digitale ne fonctionnera pas de la même façon qu’une agence de communication 360. L’expérience qu’on en tirera ne sera donc pas la même.

Les différents types d’annonceurs :

Un grand groupe bancaire ne fonctionne pas de la même façon qu’une jeune start-up ou une PME. Selon la taille de l’entreprise, son secteur d’activité, le périmètre de la mission qui nous est confiée, les journées de travail seront très différentes. Tout comme pour les agences, plus une structure est grande, plus la division du travail est forte et plus le nombre d’interlocuteurs est important. D’autre part, une entreprise familiale vieille de 100 ans n’offre pas les mêmes conditions de travail qu’une jeune start-up.

Leurs points communs :

Néanmoins, quelque soit le type d’annonceurs et le type d’agence, certains impératifs se retrouvent :

  • La mesure et l’efficacité

Chez l’annonceur comme en agence, tout est mesuré et analysé. Chaque opération doit être rentable et servir les intérêts de l’annonceur. Cela repose sur une capacité des équipes à estimer un budget, à le respecter mais aussi à en mesurer les résultats et à pouvoir les analyser.

  • La nécessaire créativité

Pour atteindre cet objectif, il faut faire preuve de créativité. Les marques doivent proposer des campagnes toujours plus différenciantes reposant sur une réflexion stratégique, les agences doivent leur proposer des stratégies et idées suffisamment créatives pour valoriser cette réflexion et ce positionnement.

  • L’importance de l’écosystème

En agence comme chez l’annonceur, les équipes de production s’appuient sur un écosystème de prestataires externes : créatifs, techniciens, développeurs, imprimeurs, etc. Savoir les choisir, négocier leurs tarifs et conditions, pouvoir les briefer correctement est essentiel.

Des rythmes et des ambiances de travail différents

En agence, on travaille pour plusieurs comptes clients, ce qui implique de jongler d’un sujet à l’autre à un rythme soutenu. Chez l’annonceur, on a un seul compte-client : le sien ! Le quotidien, le type de tâches à effectuer, les responsabilités et l’organisation du travail sont donc très différentes.

Travailler chez l’annonceur :

  • Plus de responsabilités et de pression

Quand on travaille chez l’annonceur, on se consacre à un seul sujet : son entreprise, la qualité de ses services, la préservation de sa réputation, les valeurs transmises par sa communication, etc. Il est donc essentiel d’aimer l’entreprise pour laquelle on travaille si l’on veut amener ses clients à l’aimer également !

« On n’a pas le droit à l’erreur. »

De plus, quand on est responsable de l’image et de la santé d’une entreprise, la moindre erreur peut avoir de graves conséquences : « On n’a pas le droit à l’erreur, nous explique Célia. Quand on annonce le lancement d’une opération à une date précise, qu’on relaie l’information dans les médias et sur les réseaux sociaux, on ne peut pas se permettre de ne pas respecter cette date. Si le jour dit l’opération n’est pas prête, c’est notre crédibilité qui est en jeu. En agence, un retard a souvent des conséquences moins graves. »

  • Mais forte gratification

Mais la gratification est aussi très importante. Quand on est responsable de l’image d’une entreprise, chaque petite victoire, chaque opération réussie est valorisante car on en mesure immédiatement les retombées. « C’est un vrai challenge d’être en charge de l’image d’une entreprise. Je suis arrivée dans une entreprise qui avait plus de 100 ans avec pour mission d’en dépoussiérer l’image. Et pour ça, on m’a laissé carte blanche ! »

« En agence, on ne fait pas ce qu’on veut car les décisions sont prises par le client. Chez l’annonceur, on est le client donc le décisionnaire c’est nous. »

Bien sûr, les décisions prises doivent correspondre à la ligne de l’entreprise que l’on rejoint, car à moins de rejoindre une entreprise très jeune, travailler chez l’annonceur implique de s’adapter à un environnement existant, d’adhérer à une vision globale et un positionnement déjà en place. On peut néanmoins faire évoluer les choses, notamment grâce à un réseau de prestataires soigneusement choisis. « _Grâce à mon expérience, on me fait totalement confiance quant aux choix des prestataires. Et comme j’ai travaillé dix ans en agence, je sais exactement comment elles fonctionnent, leurs contraintes, leurs process. C’est donc plus facile de négocier et ça rend le dialogue plus facile. _»

Une légende urbaine tend à dire que le travail chez l’annonceur permet de bénéficier d’horaires plus fiables et d’un temps de travail allégé, le tout associé à un meilleur salaire. C’est parfois vrai, mais bien évidemment, cela dépend de l’annonceur chez qui on travaille.

Travailler en agence :

  • Challenges et imprévus

En agence, le quotidien est généralement très diversifié. On travaille sur plusieurs comptes, avec des équipes de travail qui changent en fonction des besoins. Cela permet de toucher à différents univers et secteurs d’activités. Le rythme est souvent soutenu et l’emploi du temps régulièrement chamboulé car les journées sont pleines d’imprévus. « Quand je travaillais en agence, c’était compliqué d’établir un planning. J’étais tributaire du téléphone qui sonne sans arrêt, des demandes clients de dernière minute, des réunions impromptues, des retards de production à annoncer à mes clients, etc. C’était rare de savoir à l’avance à quoi allait ressembler mes journées », confie Célia.

« Quand je travaillais en agence, (…) c’était rare de savoir à l’avance à quoi allait ressembler mes journées. »

Concernant l’ambiance de travail, les employés d’agence sont généralement plus jeunes que chez l’annonceur, ce qui rend l’atmosphère plus décontractée avec un environnement de travail plus collectif et un univers plus tendance : open space, salles de pause confortables, décoration moderne, babyfoot à côté de la machine à café, etc.

  • Apprentissage et évolutions

« L’élément essentiel en agence, c’est la motivation. »

Les perspectives d’évolution de carrière peuvent être très intéressantes, que ce soit en interne ou chez la concurrence ! Dès lors que l’on acquiert quelques années d’expérience avec de belles références, on est en position de négocier des évolutions de poste et des augmentations de salaire auprès de sa hiérarchie, ou bien d’obtenir de meilleures conditions de travail dans une autre agence. D’après Célia, « l’élément essentiel en agence, c’est la motivation. Si l’on démontre une grande implication dans son travail et que l’on a du talent, on peut progresser très vite. Cela engendre souvent des amplitudes horaires très fortes et l’on attend de nous une grande flexibilité et beaucoup de disponibilités. »

Passer d’un monde à l’autre

Un passage souvent à sens unique

La jeunesse des équipes en agence s’explique par le fait qu’historiquement, on débute sa carrière en agence avant de rejoindre un annonceur, après quelques années d’expérience. On estime souvent que l’agence est un milieu formateur, qui permet de toucher à plusieurs spécialités et d’acquérir rapidement une expérience riche et variée. De plus, la grande implication demandée aux salariés s’accorde mieux avec une vie de jeune diplômé sans contraintes familiales. L’agence est donc un excellent tremplin pour débuter sa carrière. « Après quelques années passés en agence, on acquiert un profil très intéressant pour les annonceurs qui comptent sur la diversité de notre expérience et sur notre connaissance du milieu des agences pour servir au mieux leurs intérêts. » explique Célia.

« Après quelques années passés en agence, on acquiert un profil très intéressant pour les annonceurs. »

Il reste encore rare de voir des personnes passer d’un poste chez l’annonceur à un poste en agence. Les agences sont souvent frileuses et les personnes habituées à travailler chez l’annonceur peuvent avoir peur du rythme trop soutenu des agences. Cependant, la multiplication de jeunes entreprises dans le secteur du digital pourrait bien changer cet état de fait. Car il est désormais évident que commencer sa carrière en rejoignant une toute jeune start-up, pour lui permettre de grandir et de se développer, est tout aussi challengeant et formateur qu’un passage en agence !

Photos by WTTJ @Agence 148