Ouvrir une franchise, un statut entre accompagnement et obligations

23 avr. 2019

5min

Ouvrir une franchise, un statut entre accompagnement et obligations
auteur.e
Aglaé Dancette

Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper

Vous rêvez parfois de tout quitter pour ouvrir une nouvelle adresse pour un fast-food, une agence immobilière, un magasin d’optique ou de fleurs d’une grande enseigne ? Avec le statut de franchisé, que beaucoup d’enseignes encouragent, c’est tout à fait possible. Néanmoins, au-delà des avantages et de la sécurité qu’apporte le fait d’ouvrir une franchise et d’être associé à une marque déjà implantée, ce statut implique aussi des obligations et contraintes à respecter. Welcome to the Jungle vous explique tout sur la franchise.

Définition et contexte

L’Observatoire National de la Franchise définit la franchise comme « un accord par lequel une entreprise, le franchiseur, accorde à une autre entreprise, le franchisé, le droit de commercialiser des types de produits et/ou services, en échange d’une compensation financière directe ou indirecte. »

Le statut de franchise a vu le jour en France au début des années 1970, inspiré du modèle américain déjà en place depuis l’entre-deux-guerres. Pour les franchiseurs, l’objectif est de mettre en place des réseaux d’association pour accélérer leur développement à moindre coût. Si les réseaux de franchises ont d’abord essentiellement concentré des enseignes de services comme l’hôtellerie ou la restauration rapide, tous les secteurs d’activité sont aujourd’hui concernés. En France, chaque année, le nombre de franchisés et franchiseurs augmente. En 2018, on comptait 75 193 points de vente de franchise.

Mais il ne faut pas confondre le contrat de franchise avec le contrat de licence de marque. Dans le deuxième cas, vous avez l’autorisation d’exploiter la marque pour votre propre activité. Même s’il y a des engagements à respecter dans les deux cas, la licence de marque est plus modulable que la franchise en fonction des attentes de chacun, à préciser dans le contrat. Pour le propriétaire de la marque, c’est également plus simple puisqu’il n’a pas à investir dans des infrastructures, ni à gérer des relations commerciales, tout en percevant les royalties d’exploitation de sa marque.

S’informer et faire les bons choix avant de sauter le pas

Les avantages associés à la franchise sont nombreux : on profite de l’image de marque d’une enseigne déjà fructueuse, de son savoir-faire, d’une assistance, d’une mutualisation des stocks et des achats. Autant d’éléments qui doublent les chances de réussite d’un établissement par rapport au commerce traditionnel.

Mais avant de se lancer, le plus important est de faire les bons choix. Il ne suffit pas simplement de choisir une grande marque à succès pour vous assurer que cela fonctionnera pour vous également. De nombreux aspects sont à étudier avant de demander le statut de franchisé :

  • Dans quel secteur souhaitez-vous vous implanter ?
  • Aquelle enseigne souhaitez-vous être rattaché ?
  • Quelle est la localisation qui vous semble la plus propice ?

Pour s’informer et trouver les renseignements nécessaires, le mieux est de se rendre au FranchiseExpo, salon international de la franchise organisé tous les ans à Paris. Près de 500 enseignes y sont présentes dans 90 secteurs d’activité. Après un diplôme dans l’agroalimentaire, Jeanne était tentée par l’ouverture d’une franchise : « Je me suis rendue au salon avec plusieurs projets en tête, je suis allée rencontrer les différentes enseignes et au cours des échanges, j’ai réalisé que c’était un statut qui ne me correspondait pas tout à fait finalement car je manquais encore d’expérience dans le domaine. Avant de s’embarquer dans un projet, je recommande donc vivement de se rendre au salon, cela permet de se faire une bonne idée de ce que la franchise implique. »

Par ailleurs, l’Observatoire de la Franchise est une bonne source d’informations. De nombreuses rubriques pratiques sont à disposition, ainsi que des témoignages de franchisés, ou encore la liste des franchiseurs dans chaque domaine d’activité. Sur le site, vous pouvez être accompagné sur le projet que vous souhaitez mettre en œuvre et évaluer sa fiabilité.

Des pré-requis plus ou moins importants selon les enseignes

De façon pragmatique, une fois que vous avez élaboré votre projet, vous devez convaincre la marque de sa faisabilité et de ses chances de succès. Pour cela, vous devez établir un plan d’investissement et faire preuve d’un apport financier dont le montant varie selon les enseignes. Vous pouvez par exemple demander une franchise Carrefour City avec 5 000 € d’apport, en revanche il vous en coûtera 20 000€ pour ouvrir une salle de fitness BodyHit. Certaines marques ajoutent également un droit d’entrée. C’est le cas de l’enseigne McDonald’s par exemple. Après avoir étudié votre profil et votre expérience managériale et commerciale, vous devrez justifier d’un apport de 190 000 € et vous acquitter d’un droit d’entrée de 45 000 €.

Le point fort de la franchise : un accompagnement précieux à la création d’entreprise

Le statut de franchisé est attractif pour des profils variés, particulièrement pour les personnes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat tout en minimisant leur prise de risque. L’avantage est de ne pas partir complètement de zéro et d’être adossé à une structure qui a déjà fait ses preuves même si l’on manque d’expérience dans le commerce.

Les modalités d’accompagnement varient selon les enseignes

Souvent, lorsque le projet est validé par l’enseigne, le nouveau franchisé doit suivre une formation à la fois théorique, pratique et technique afin de représenter la marque de la meilleure des manières, de rencontrer les autres membres du réseau et de prendre connaissance des valeurs de la marque. Suite à ses études dans l’optique, Robin raconte son parcours jusqu’à l’ouverture de son magasin Krys : « Quand j’ai fait part de mon projet à Krys, j’ai tout de suite eu le sentiment d’être accompagné. On m’a aidé à faire de la veille pour trouver la meilleure opportunité au meilleur endroit et en attendant la fin du chantier pour l’ouverture de mon magasin, on m’a placé dans une autre boutique de l’enseigne pour un contrat d’un an afin que je me forme et que je découvre en accéléré l’envers du décor. Je me suis senti très chanceux, c’était vraiment formateur et nécessaire. Tout ce processus m’a donné confiance beaucoup plus rapidement que si j’avais été seul et j’ai eu moins le sentiment de prendre un risque. »

Une dépendance qui implique certaines contraintes

Le franchisé doit rendre des comptes en contrepartie de son autorisation à exploiter une marque. Il peut être soumis à des formations régulières et à des inspections pour s’assurer que les standards et les valeurs de la marque sont pleinement respectés. Julie a ouvert une franchise d’une marque de vêtements pour femme et elle se souvient : « Dans les mois qui ont suivi l’ouverture de mon magasin, j’ai eu la visite des membres du réseau de la marque qui venaient s’assurer que l’organisation de la boutique, la présentation des vêtements, la mise en avant de la marque étaient respectées. C’était un peu stressant au début, mais cela m’a énormément servi pour acquérir très vite les bons réflexes. »

Par ailleurs, le franchisé doit à la marque une redevance d’exploitation qui rémunère les services fournis par le franchiseur comme l’assistance, l’aide à la gestion etc. Le montant de ces royalties est déterminé dans le contrat de franchise et est très variable. Ce peut être une somme forfaitaire ou un pourcentage du chiffre d’affaire de l’établissement, généralement entre 10 et 20%. Dans certains cas, si la marque entreprend des actions de marketing et de communication de grande envergure, le franchisé doit également contribuer et s’acquitter d’une redevance publicitaire. Pour Julie, ces dépenses sont un réel investissement : « La première année, je n’avais pas anticipé ces redevances, notamment la partie publicitaire, j’ai donc été un peu surprise et déstabilisée. Mais quand j’ai vu les retombées positives sur ma boutique suite à la campagne de publicité nationale, j’ai compris que cela valait vraiment le coup. »

La franchise est finalement un engagement gagnant/gagnant entre l’entrepreneur et le franchiseur, à condition de s’être particulièrement bien renseigné au préalable pour faire les bons choix. Jeunes diplômés, professionnels en reconversion, le statut de franchisé attire chaque année un peu plus de professionnels et les réseaux de franchises se développent à grande vitesse dans tous les secteurs d’activité. Et vous, seriez-vous prêt à sauter le pas ?

Pour aller plus loin :
https://www.franchise-fff.com/

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Photo by WTTJ

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