De l'école de commerce à la couture en passant par Marrakech : l'aventure Sorato

27 oct. 2016

5min

De l'école de commerce à la couture en passant par Marrakech : l'aventure Sorato
auteur.e
Marion Paquet

Journaliste, pigiste et auteure

Marrakech - 2015 : là où tout a commencé… Après une formation en commerce à EMLYON Business School, c’est finalement vers la couture et l’entrepreneuriat que Marine Sorato s’est tournée. Ni modeuse, ni bloggueuse, c’est sa passion pour le voyage, l’artisanat local et les nouvelles rencontres qui a fait naître chez elle une créativité sans bornes jusqu’à créer la marque Sorato, sacs en kilims marocains.

Comment lui est venue l’idée ? Le fait de ne pas avoir étudié en école de mode a-t-il été un frein ? Quelles difficultés a-t-elle rencontrées ? Retour sur un parcours inspirant.

Bonjour Marine, on veut tout savoir sur ton parcours !

Bonjour ! Après avoir fait une classe prépa, j’ai intégré EM LYON Business School. Avec celle formation, j’ai pu faire de nombreux échanges à l’étranger puisque je suis partie à Buenos, Aires, Shanghai, Barcelone ou encore Londres. J’ai ensuite intégré une startup web, Cheerz / Polabox au sein de laquelle je suis restée deux ans. Rien à voir avec la création donc, mais tous ces éléments ont participé à la création de Sorato…

Justement, comment t’es venue l’idée de Sorato ?

C’est toujours drôle qu’on pose cette question parce que ça ne tombe jamais du ciel !

Lors d’un voyage à Marrakech, il y a un an et demi, j’achetais des kilims et j’avais tellement de mal à choisir parmi tous les tissus que j’ai décidé de tous les acheter… Je me suis dit en rigolant qu’au pire j’en ferai des sacs! En fait, j’en ai vraiment fait ! Le Berbère à qui j’ai acheté les tissus m’a dit qu’il pouvait très bien m’en fabriquer. Il m’a fait découvrir le souk des souks, l’envers du décor, pour choisir les tissus et au lieu d’en acheter qu’un ou deux pour moi, j’en ai choisi au moins dix. Je suis rentrée en France avec et j’ai décidé de les mettre en vente. Etsy n’était pas encore lancé, et j’ai préféré créer mon site moi-même, c’était plus simple et j’avais tous les outils pour le faire puisqu’à l’époque je travaillais dans une startup web (Cheerz). J’étais plutôt familière avec l’environnement digital… L’aventure était lancée!

Pourquoi la mode ?

J’ai du mal à considérer Sorato comme une mode puisque nous faisons plutôt de l’indémodable, ce n’est pas une simple tendance. Quand je l’ai créé je ne me suis pas dit « je veux faire de la mode », mais le tissu me plaisait et m’inspirait, j’avais envie d’en faire quelque chose. Je n’ai pas fait d’études dans la mode, je ne me définis pas comme étant une modeuse ou une bloggeuse, je n’avais pas de prédisposition particulière à me lancer là-dedans… C’est à force de voyager, de découvrir des matières nouvelles ancrées dans la culture d’un pays, d’une tradition, de rencontrer des gens… J’ai toujours été très sensible à cela.

C’est donc le fruit du hasard et de tes voyages, tu ne t’es pas dit « je veux créer quelque chose »…

Je pense que rien ne se créé en disant « je veux créer quelque chose » sauf aujourd’hui peut-être, c’est un peu le cas, les gens ont envie de créer quitte à forcer le destin ! Alors ça marche ou ça ne marche pas mais je pense que quand cela vient naturellement, c’est plus fort.

Une école de commerce est-elle adaptée pour travailler dans la mode ? Ou vaut-il mieux envisager une école de mode directement ?

Si vous savez que vous voulez monter quelque chose dans la mode, il vaut mieux d’emblée faire une école de mode puisque le réseau que vous apportera l’école sera plus adapté. Cependant, l’école de commerce aide à avoir une bonne structure d’esprit qui permet une meilleure approche vis à vis de ce qu’on a envie de créer. On perçoit mieux les tenants et aboutissants, on analyse bien les situations, on fait mieux face aux problèmes qui peuvent surgir et cela nous permet de combler nos lacunes dans le secteur qu’on a choisi. Une personne ayant un minimum d’esprit entrepreneurial et qui aura fait une bonne école de commerce sera capable de créer une entreprise dans n’importe quel domaine puisqu’il va prendre le sujet, l’étudier, l’analyser, rencontrer des gens du même secteur, savoir bien s’entourer et devenir le chef d’orchestre de tous ces talents.

L’école de commerce est vraiment une bonne base pour faire ce que l’on veut ! Il faut ensuite être aussi autonome et débrouillard.

Justement, qu’est-ce que ta formation en école de commerce t’apporte concrètement dans Sorato ?

C’est vraiment cet état d’esprit. L’EMLYON a une affinité particulière avec la création d’entreprise puisqu’on a des cours d’entrepreneuriat dès la première année, on doit développer notre propre projet en équipe, l’école a aussi son incubateur de startups et un Master Entrepreneuriat. C’était déjà une première immersion intéressante dans ce monde. Avoir écouté de nombreux témoignages d’entrepreneurs m’a aidé à mieux anticiper les aléas de l’entrepreneuriat : à force de discuter de leurs expériences, de leurs déboires, j’ai été plus préparée que d’autres.

Et puis j’avais déjà quelques notions de comptabilité grâce à l’école et, même si on ne sait jamais le faire avant de le faire vraiment pour soi (rires), je savais par où commencer et cela ne me faisait pas peur. C’est vraiment une base théorique qu’on se retrouve un jour, sans même s’en rendre compte, à appliquer en pratique !

Quelles sont les qualités indispensables pour travailler dans la mode, dans la création ? Et surtout, a-t-on besoin d’être créatif ?

C’est difficile de dire « il faut être créatif », ça ne veut pas dire grand chose… Il faut surtout être inspiré et pour cela ouvrir grand les yeux, être curieux, bouger, parler à des gens, rencontrer beaucoup de monde. La créativité se travaille !

Est-ce que le fait de ne pas avoir eu de formation technique t’as handicapée ?

Justement c’est tout le contraire ! Comme je ne savais pas du tout coudre et que je ne m’y connaissais pas techniquement, je me suis posée moins de barrières. Si j’avais su coudre je ne me serais certainement pas lancée dans la confection de sacs en Kilim, parce que je me serais dit « c’est impossible ! ». Ce n’est pas une matière travaillée en sac au départ et elle est très compliquée techniquement. Résultat : les couturières que je rencontrais pour échanger sur le sujet partaient en courant en voyant l’étendue du boulot !

Comme je n’avais aucun a priori, aucun préjugé, j’ai osé. Cet oeil neuf m’a permis d’innover en quelque sorte !

Par exemple, ma problématique actuelle est la communication et comment faire connaître la marque, mais comme j’ai appris à manier les outils de communication, les réseaux etc… j’ai plus de mal à en sortir et à « think out of the box » !

Quelles difficultés as-tu pu rencontrer ?

Il y en a plein, au moins dix par jour !

  • La toute première des barrières a été quand il a fallu faire fabriquer les sacs au Maroc et que c’était catastrophique, eh bien j’ai dû apprendre à coudre. Internet, les réseaux sociaux et les forums m’ont bien aidée. C’est d’ailleurs souvent ça qui me sauve !
  • Une deuxième grosse difficulté a été quand on s’est rendus compte qu’on ne pouvait plus continuer à travailler de chez moi et qu’il nous fallait des machines à coudre industrielles et un endroit pour produire. En fait sur Paris, il n’y a que Hall Couture qui propose de louer des machines à l’heure, et ça a été la solution miracle, ils m’ont sauvé la vie ! C’est grâce à eux que Sorato existe aujourd’hui. Il y avait quelques FabLab autour de la couture mais avec très peu de disponibilités ou alors c’était très cher.
  • Une autre des grosses barrières que j’ai eu fut quand j’ai voulu monter une équipe en juin dernier. C’est très dur d’appréhender ses véritables besoins quand on fait tout par soi-même depuis le départ… J’ai mis du temps avant de trouver la bonne équipe !

As-tu un petit conseil à donner aux personnes souhaitant lancer une marque de mode ?

Je vais donner le même conseil que beaucoup d’entrepreneurs donnent : il ne faut pas attendre d’avoir le produit parfait avant de le lancer parce qu’il n’existera jamais. Déjà parce qu’on risque de lancer des prototypes indéfiniment et que ça va couter très cher. Il faut faire et arrêter de penser ! Il ne s’agit pas de foncer, au contraire il faut y aller step by step, mais il faut FAIRE et ne pas attendre la perfection, c’est avec le temps qu’on s’améliore…

Merci beaucoup Marine !

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Photo by WTTJ @Sorato

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