Mode : les 7 documentaires incontournables

04 mai 2018

6min

Mode : les 7 documentaires incontournables
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Comment patienter jusqu’au 25 mai, date de la sortie française du documentaire consacré à l’ex rédacteur star du Vogue US, André Léon Talley: “The Gospel according to André” ? Une seule solution: voir ou revoir ces documentaires de mode.

Le documentaire pour une mode responsable : The True Cost (2015)

« Who really pays the price for our clothing ? » s’interroge Andrew Morgan à travers son documentaire The True Cost sorti en 2015. Cette enquête sur les dérives de la fast fashion revient sur la catastrophe de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 qui avait fait plus de 1 000 victimes. Ces ouvriers travaillaient pour de grandes marques occidentales dans des conditions dramatiques. Les interviews de Vandana Shiva, écologiste indienne, Livia Firth, fondatrice d’Eco Age ou encore de la journaliste Lucy Siegle mettent en garde contre les dérives de la mode, deuxième industrie la plus polluante après l’industrie pétrolière.

La designer Stella McCartney résume ainsi sa vision de la création : « pour moi, le plus grand défi est de contempler mon industrie et de me dire que je vais créer de façon à ne pas nuire à la planète » ni aux millions d’habitants de cette planète.

« Pour moi, le plus grand défi est de contempler mon industrie et de me dire que je vais créer de façon à ne pas nuire à la planète » Stella McCartney

Disponible sur Netflix ou sur le site Watch Now

The True Cost, Andrew Morgan - 2015 © Life is my movie entertainment

Le documentaire pour anticiper la mode : Fashion Geek (2017)

La série documentaire de Sidonie Garnier et Maryam Goormaghtigh s’intéresse au futur de la fashion sphère. Les 10 épisodes tournés entre Boston, Amsterdam, Montréal, Londres, Paris, Toulouse et Nancy dévoilent quelques-unes des multiples possibilités que la technologie réserve à la mode : vêtements imprimés à partir d’imprimantes 3D ou confectionnés avec des bactéries, tissus capteurs d’ondes électromagnétiques, robes interactives avec les humains, cuir dérivé d’ADN extrait de cheveux comme le montre l’épisode 9 « Cuir d’ADN »… Les designers interviewés revendiquent une création innovante hors du cadre d’une industrie de la mode polluante et obsédée par l’esthétisme plus que par les révolutions technologiques. Cette série résonne parfaitement avec la citation du créateur Pierre Cardin, premier Fashion Geek : « les vêtements que je préfère sont ceux que j’invente pour une vie qui n’existe pas encore, le monde de demain. »

« Les vêtements que je préfère sont ceux que j’invente pour une vie qui n’existe pas encore, le monde de demain. » Pierre Cardin

Bienvenue dans le Black Mirror de la mode.

Disponible en replay sur Arte jusqu’au 4 septembre 2020

Fashion Geek , Sidonie Garnier et Maryam Goormaghtigh - 2017

Le documentaire pour comprendre le street style : Bill Cunningham New York (2010)

En attendant de lire Fashion Climbing, les mémoires posthumes de Bill Cunningham qui seront publiés en septembre prochain, il faut revoir le documentaire Bill Cunningham New York _réalisé par Richard Press. Le photographe américain présenté comme l’inventeur du street style, disparu en juin 2016, parlait ainsi des défilés : « _The best fashion show is definitely on the street… always has been and always will be. » Cet artiste reconnaissable à son bleu de travail et à son vélo (on lui en a volé 28 au cours de sa carrière !) traquait les meilleures silhouettes avec son appareil pour le New York Times où selon ses dires le café était imbuvable…

« The best fashion show is definitely on the street… always has been and always will be. » Bill Cunningham

Bill Cunningham avait développé une passion pour les accessoires et les vêtements lorsqu’enfant il observait, fasciné, les chapeaux des femmes à l’église. Pendant sa carrière de photographe, il n’a eu de cesse de parcourir les rues, de New York à Paris, à la recherche de la beauté et certainement pas des célébrités. Quel musée lui consacrera enfin une rétrospective à la hauteur de son talent élégant ?

Disponible en DVD via Amazon

Bill Cunningham New York , Richard Presse- 2010

Le documentaire pour infiltrer la haute couture : Qu’est-ce Que La Haute Couture ? (2016)

Loïc Prigent, le réalisateur passionné des questions de mode, s’est intéressé au monde très fermé de la haute couture dans un documentaire pour Arte en 2016. Il s’est rendu dans les ateliers de Dior, Chanel, Jean-Paul Gaultier, Elie Saab, Armani, Valentino, Giambattista Valli… Pour chercher la meilleure définition de la haute-couture. À la question peut-on prendre l’avion en haute couture ? La réponse est oui, évidemment : « C’est un vêtement on ne va pas le mettre sous cloche ! » selon Catherine Rivière, Directrice des Activités mode et prestige chez Christian Dior Couture.

Pour les designers la haute couture représente un espace de liberté totale, loin des exigences commerciales du prêt-à-porter. Et pour les “petites mains” des ateliers ? Un savoir-faire unique au prix de nombreuses heures de travail.

Disponible sur Arte Boutique en VOD à partir de 2,99€

Qu’est-ce Que La Haute Couture ?  Loïc Prigent  - 2016

Le documentaire pour découvrir la création : Tout Terriblement (1994)

Dans ce film de Jérôme de Missolz, les voix de Jeanne Moreau et d’Yves Saint Laurent lui-même racontent l’histoire du couturier. Un portrait intime se dessine sur fond d’images d’archives, de croquis et de mannequins qui défilent entre la rue de Babylone, Marrakech et Deauville. Le mélancolique Saint Laurent, amoureux fou des femmes, définissait ainsi son métier : « ce que j’aime surtout, c’est faire comme si je pouvais sculpter la lumière, choisir un tissu, me soumettre à ses lignes, l’offrir à la lumière, maîtriser son mystère. » Celui que Pierre Bergé décrivait comme « né avec une dépression nerveuse », drapait, malgré ses sombres humeurs, les femmes dans les couleurs les plus vives.

« Ce que j’aime surtout, c’est faire comme si je pouvais sculpter la lumière, choisir un tissu, me soumettre à ses lignes, l’offrir à la lumière, maîtriser son mystère. » Yves Saint Laurent

Le meilleur de ce documentaire réside surtout dans le bonus avec l’émission DimDamDom où l’on découvre un jeune Yves Saint Laurent tiraillé entre son métier exigeant et ses rêves d’une jeunesse qu’il n’a jamais vécue, lui qui a connu la gloire à 21 ans. La meilleure raison pour regarder ce classique ? « Vous avez, avec une rare sensibilité, su capter et comprendre tout ce que j’ai essayé d’exprimer pendant de longues années… » disait Saint Laurent lui-même dans une lettre adressée au réalisateur.

Tout Terriblement, Jérôme de Missolz - 1994

Le documentaire pour écrire la mode en images : Diana Vreeland, The Eye Has To Travel (2011)

Réalisé par Lisa Immordino Vreeland en 2011, ce documentaire retrace la vie de Diana Vreeland, impératrice de la presse de mode. Férocement drôle et foncièrement originale, la plus célèbre des rédactrices de mode avait le goût de l’extraordinaire. Elle dépoussiéra Harper’s Bazaar et Vogue avec son imagination unique et sa créativité débridée et poursuivit sa longue carrière dans la mode comme consultante pour l’Institut du Costume au MET à New York. Elle aimait les défauts physiques, la jeunesse et la couleur rouge la plus “artificielle” qui soit. Elle préférait chasser le naturel et inventer des histoires fantasques pour embellir non seulement les pages de ses magazines mais aussi sa propre vie. « Sans style, on est personne » disait-elle. Diana Vreeland était définitivement quelqu’un.

« Sans style, on est personne » Diana Vreeland

Disponible sur Netflix.

Diana Vreeland, The Eye Has To Travel, Lisa Immordino Vreeland - 2011

Le documentaire pour voir la mode côté atelier : Dior And I (2014)

Lorsque Raf Simons est nommé à la tête de Dior en 2012, il n’a que huit semaines pour présenter sa première collection haute-couture. La caméra de Frédéric Tcheng a suivi les premiers pas du designer belge mais s’est surtout attardée sur les équipes des ateliers Dior. A la tête de l’atelier tailleur : Monique l’angoissée aux doigts en or, et à la tête de l’atelier flou : l’énergique et chaleureuse Florence. Pieter Mulier, bras droit de Raf, leur rend le meilleur hommage : « je n’aime pas quand les gens disent que ce sont des ouvrières, elles ont tout dans leurs mains. Pour moi ce sont des businesswomen. _» On croise les apprentis, les intérimaires, les modélistes surdoués, aussi bien que les couturières présentes dans la maison depuis quarante ans et même le fantôme de Christian Dior qui écrivait « _il faut laisser à chaque main la liberté de son expression personnelle parce que je veux respecter les bonheurs du hasard. » L’âme de la maison Dior, c’est l’atelier, lui seul ne tremble pas au milieu de la valse des designers…

Disponible en DVD ou sur Itunes

Dior And I,  Frédéric Tcheng - 2014

Si vous en voulez encore :

  • Martin Margiela – the artist is absent (2015) d’Alison Chernick. En complément des deux expositions au Musée des Arts Décoratifs, jusqu’au 2 septembre 2018 et au Palais Galliera, jusqu’au 13 juillet 2018.
  • Cash Investigation – Coton l’envers de nos tee-shirts (2017), cette enquête de Sandrine Rigaud retrace l’itinéraire du coton depuis la dictature de l’Ouzbékistan jusque dans nos tee-shirts entre problèmes des droits de l’homme, enjeux diplomatiques et commerciaux.
  • Franca : Chaos and creation (2016) de Francesco Carrozini qui retrace la carrière de sa mère Franca Sozzani rédactrice en chef de Vogue Italie pendant 27 ans et décédée en 2016.

Franca : Chaos and creation, Francesco Carrozini - 2016 

  • In Vogue : The Editor’s Eye (2012) de Fenton Bailey et Randy Barbato. Ce documentaire s’intéresse aux fashion editors celles qui créent les images iconiques avec les photographes.
  • 52 minutes de mode de Loic Prigent mardi 3 avril sur TMC décortique la Fashion Week parisienne avec son humour mordant.

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