Les dessous du métier de motion designer : un dessinateur animé

03 oct. 2018

6min

Les dessous du métier de motion designer : un dessinateur animé

Passionné depuis son enfance par la bande-dessinée, Timothée Bart s’est engagé dans une carrière de motion designer. Grâce à ses cinq années de formation, dont trois à Gobelins, l’école de l’image, l’illustration, le graphisme et l’animation n’ont plus de secrets pour lui. À 25 ans, et tout juste installé en indépendant, il nous dévoile les dessous de ce métier technique, mais aussi très créatif.

Qu’est-ce qui vous a conduit vers le motion design ?

J’ai toujours beaucoup dessiné. Quand j’étais plus jeune, je réalisais souvent des bande-dessinées et pour mon stage de troisième, j’ai effectué un stage dans une maison d’édition de BD, qui avait en parallèle une agence de communication. C’est là que j’ai découvert l’univers de la communication visuelle et que j’ai ensuite évolué vers le graphisme. Après un bac littéraire option Arts plastiques, j’ai suivi une mise à niveau en Arts appliqués avant d’intégrer un BTS en communication visuelle, option multimédia. Je me suis initié au motion design au cours de ces deux années de formation et j’ai trouvé que c’était le parfait mélange de tout ce que j’aimais faire : le dessin, le design graphique et l’animation. Afin de me perfectionner, je me suis inscrit à Gobelins, l’école de l’image où je suis resté trois ans : une année en motion design suivie de deux années de concepteur-réalisateur multimédia en alternance où j’ai notamment pu me perfectionner en design interactif.

Je me suis initié au motion design et j’ai trouvé que c’était le parfait mélange de tout ce que j’aimais faire : le dessin, le design graphique et l’animation.

En quelques mots, le motion design, c’est… ?

Le motion design, c’est le fait d’animer du graphisme. Cela peut concerner de l’animation de typographies, d’identités visuelles, d’éléments 3D, d’interfaces graphiques (sites web, applications, systèmes d’exploitation…) ou d’illustrations. Le principal enjeu est de créer du mouvement pour rendre ces différents éléments plus vivants, afin d’accompagner et d’appuyer au mieux le discours que l’on souhaite transmettre. Voici un exemple très simple mais concret d’un mouvement qui renforce une idée et donne du sens à une action : sur l’application Mail d’Apple, lorsque l’on envoie un message, la fenêtre ne se ferme pas subitement mais disparaît progressivement en s’envolant, grâce à une translation du bas vers le haut. Cette animation, accentuée par le son du décollage qui l’accompagne, permet ainsi d’enrichir l’expérience de l’utilisateur et de lui assurer que son mail est bien parti.

Le principal enjeu est de créer du mouvement pour rendre ces différents éléments plus vivants, afin d’accompagner et d’appuyer au mieux le discours que l’on souhaite transmettre.

Où avez-vous commencé votre carrière ?

J’ai passé deux années en alternance au sein de l’agence de publicité 84.Paris où je travaillais en tant qu’illustrateur et animateur puis j’ai intégré un studio de création digitale qui s’appelle Immersive Garden. Je viens de quitter cette entreprise, il y a tout juste un mois, pour me lancer en freelance.

Pourquoi ce choix de devenir indépendant ?

Il y a beaucoup d’avantages à travailler en agence : les projets sont variés et souvent plus importants que lorsque l’on se lance en indépendant. Quand on travaille en freelance, les clients nous contactent après avoir vu notre travail sur notre portfolio et ont tendance à nous demander le même type de production. On peut donc vite s’enfermer et faire un peu toujours la même chose. Mais étant donné que je travaillais dans une agence web, les missions que j’avais en tant qu’illustrateur et animateur étaient assez limitées. J’ai souhaité retrouver un peu plus de liberté en ciblant mieux les projets sur lesquels je pourrai travailler, avec davantage d’illustrations et de motion design. Outre les rendez-vous avec les clients, le métier de motion designer est un job assez solitaire, où l’on passe beaucoup de temps devant son ordinateur donc pour ne pas m’enfermer dans la solitude, j’ai fait le choix de m’installer dans un espace de coworking.

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Concrètement, comment se déroule une mission pour un client ?

Souvent, le client arrive avec un brief qui détaille ce qu’il souhaite. À partir de là, je commence par élaborer un storyboard et un moodboard : il s’agit de raconter l’histoire que le client veut transmettre et de chercher des références existantes qui donnent une idée du rendu en termes visuels. Une fois mes propositions validées, je crée des images fixes afin de lui montrer un aperçu du design définitif. Puis je propose ce que l’on appelle une « animatique » : à partir de plusieurs visuels fixes, je réalise un premier montage sans animation de la vidéo pour donner une idée du rythme qu’elle pourrait avoir. En ce qui concerne le son, soit le client a une bande-son (un commentaire en voix off) qu’il me donne en amont, soit nous la réalisons ensemble. Quant à la bande musicale de fond, je cherche le plus souvent sur des banques de sons libres de droits en ligne. Mais si le timing et le budget le permettent, le mieux est de faire appel à un Sound Designer qui peut composer une musique spécialement pour le projet. Une fois que l’animatique est validée, je peux commencer à travailler sur l’animation pure et dure. Et après quelques aller-retour avec le client, je leur rends le projet final.

Sur quel type de projet avez-vous travaillé depuis que vous êtes en freelance ?

Mon premier projet a été la création d’une animation pour une start-up qui a conçu un bandeau connecté qui aide à mieux dormir la nuit. Il s’agissait de présenter ce produit dans une vidéo animée que la société a diffusée sur son stand lors du salon VivaTech à Paris. Ce projet a nécessité une dizaine de jours de travail et m’a été confié par une agence avec laquelle j’avais travaillé il y a quelques temps. C’est d’ailleurs via mon réseau professionnel que je trouve pour le moment mes clients. Par l’intermédiaire de L’École des Gobelins, j’ai aussi accès à pas mal d’annonces pour des missions en freelance. Et sinon, je suis présent sur les réseaux sociaux, notamment sur Dribbble où j’ai mis en ligne mon portfolio avec plusieurs exemples de mes créations.

Voyez-vous le motion design comme un métier purement technique ?

Cela dépend de la manière dont on aborde ce métier. Il y a de véritables techniciens du motion design qui se focalisent uniquement sur l’aspect technique de l’animation tandis que d’autres, dont je fais partie, abordent leurs missions avec une approche plus globale et créative. Dans les deux cas, il est indispensable d’avoir des connaissances de base sur les logiciels que nous utilisons comme After Effects, Illustrator et Photoshop. Mais personnellement, j’envisage surtout le motion design comme un métier créatif où il faut savoir se renouveler, créer de nouveaux personnages, des visuels originaux, inventer de nouvelles animations. Et l’aspect humain est fondamental dans la relation avec le client. La rédaction du storyboard est par exemple une phase que j’aime beaucoup. Il faut trouver comment raconter le mieux possible l’histoire du client, ce qui nécessite de maîtriser les règles d’écriture d’un storyboard mais cela n’a rien de technique ! La production de l’animation est la seule partie purement technique et elle peut d’ailleurs limiter notre créativité avec le risque de reproduire ce que l’on sait faire, notamment par manque de temps.

Il y a de véritables techniciens du motion design qui se focalisent uniquement sur l’aspect technique de l’animation tandis que d’autres, dont je fais partie, abordent leurs missions avec une approche plus globale et créative.

Où trouvez-vous votre inspiration ?

Sur Internet, je suis beaucoup de motion designers et d’illustrateurs dont j’apprécie particulièrement le travail. Je pourrais par exemple citer Vucko, Robin Davey, Markus Magnusson, Playground Paris ou encore les studios Oddfellows, Animade et Moth. L’idée n’est pas de copier ce qu’ils font mais cela me donne de nouvelles idées, j’essaye de comprendre techniquement comment ils ont construit telle ou telle animation afin de me perfectionner. Je passe aussi beaucoup de temps sur Vimeo et Dribbble pour regarder les portfolios d’autres motion designers moins connus. Et puis, c’est aussi en fouillant dans les logiciels que l’on trouve de nouvelles idées d’animations, même si, selon moi, le hasard a également énormément d’importance dans le processus de création. La publicité à la télévision et les génériques de films par exemple sont également d’excellentes sources d’inspiration, tout comme la scénographie artistique et les multiples conférences sur le motion design (comme le Motion Plus Design et le Motion Motion festival) au cours desquelles des professionnels viennent exposer et parler de leur travail.

La publicité à la télévision et les génériques de films par exemple sont également d’excellentes sources d’inspiration, tout comme la scénographie artistique et les multiples conférences sur le motion design.

Quelles qualités pour être un bon motion designer ?

Selon moi, un bon Motion Designer est un professionnel qui a le sens du rythme et du mouvement. Il est donc très important de comprendre et maîtriser les courbes de mouvement (la façon dont commence et se termine une animation avec des effets de ralentissement, d’accélération, de rebond…). J’admire les motion designers qui parviennent à garder une fluidité dans le mouvement, quand tous les éléments s’enchaînent sans accroc, avec justesse. Outre les compétences techniques que l’on peut développer en regardant des tutoriels sur le web, mais surtout en passant du temps sur les logiciels pour découvrir de nouveaux types d’animations, je crois qu’il faut surtout être créatif, et savoir être force de proposition vis-à-vis des clients. Au final, notre job est vraiment de raconter une histoire, de rendre un propos vivant. L’expérience permet de « trouver sa patte », d’affiner son style en s’inspirant de ce que l’on peut voir sur Internet, à la télévision, au cinéma, mais aussi en réalisant des projets plus personnels, qui ne seront pas nécessairement les plus rémunérateurs, mais qui vont permettre de développer des animations plus originales et créatives.

J’admire les motion designers qui parviennent à garder une fluidité dans le mouvement, quand tous les éléments s’enchaînent sans accroc, avec justesse.

Si vous souhaitez en voir plus :le portfolio de Timothée Bart sur Dribbble

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