Les mots à connaître (et à éviter) pour travailler dans la mode

24 avr. 2019 - mis à jour le 01 avr. 2022

auteur.e
Marion Paquet

Journaliste, pigiste et auteure

Vous rêvez d’exercer un métier dans la mode. Vous vous imaginez déjà créateur, directeur artistique, dessinateur, couturier, modéliste ou même mannequin. Mais maîtrisez-vous le langage de cet univers ? Quel que soit [l’emploi auquel vous souhaitez postuler] (https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/top-mode-metiers-meconnus), vous n’y couperez pas, il va falloir se plonger dans le vocabulaire et dictionnaire (très) spécifique du milieu et maîtriser ses codes. Le jargon de la mode n’est pas le Petit Larousse de la langue française. Loin de là même. Ici, l’anglicisme est roi. Le pro du fashion est passé maître dans l’art de jongler entre Shakespeare et Molière en y ajoutant, parfois, une dose de Booba. Jeunes créateurs, futurs chefs de projet ou carrément directeurs de collection, accrochez-vous, c’est parti pour notre lexique des mots à connaître et ceux à éviter pour travailler dans la mode.

Le co-branding : quand l’union fait la force

Le co-branding consiste à réunir deux noms de stylistes, de marques, d’artistes, ou de créateurs de mode afin de créer une collection commune. Allier les forces de deux entités pour les rendre encore plus fortes est une stratégie marketing courante et très efficace. Parmi les meilleurs exemples de co-branding, on peut citer Tara Jarmon et Acuitis, ou The Kooples et Puma. Parfois, on voit aussi des opérations de co-branding mêlant deux secteurs totalement différents. C’est le cas pour la marque de vêtements celio et l’univers de l’artiste Jean-Michel Basquiat, Hermès et l’Apple Watch ou même entre la marque de vêtements de pluie Rains et la marque de décoration MADE. Les amoureux de la langue française argueront que le terme “collaboration” est plus approprié pour définir ce genre de partenariat. Certes. Mais on est dans l’univers de la mode. Et dans la mode, on parle de co-branding.

La collection capsule : pour marquer le coup !

Les professionnels de la mode parlent d’une collection capsule pour désigner une ligne de vêtements composée de quelques pièces en édition limitée, souvent diffusée sur une courte période de temps. Une marque peut par exemple fêter son anniversaire et créer pour l’occasion une collection spéciale 20 ans. On peut également célébrer le partenariat avec un influenceur en sortant, là aussi, une édition limitée.

Collection Croisière, pré-collection et main collection : quelles différences ?

La mode est pleine de ressources. Quand deux collections par an (Automne/hiver et Printemps/Eté) ne suffisent plus à créer assez de nouveautés, les marques proposent des collections intermédiaires de mi-saison pour renouveler leur offre. Le terme « Collection croisière » vient en fait des années 1920. Quand les clientes de la haute société partaient en croisière l’hiver, elles avaient besoin de vêtements pour des climats plus doux. Aujourd’hui, on parle de collection « Pre-spring ». Et on en a logiquement profité pour intégrer dans le calendrier la collection « Pre-fall » qui fait de la même façon la transition entre les lignes automne-hiver et printemps-été. Pour (tenter de) schématiser, disons que les pré-collections interviennent un peu avant les Main collections que nous connaissons tous. L’objectif est de confectionner des vêtements à porter toute l’année. Un concept aujourd’hui grandissant. Dans la mode, la plupart des marques ont donc maintenant non pas deux, mais quatre collections par an. Et encore, on ne parle même pas des collections capsule…

Les concept stores : les boutiques thématiques

Si aujourd’hui cela ne vous choque plus de pouvoir acheter des bougies, des livres, des vêtements ou même de la nourriture dans une seule et même boutique, c’est parce que l’idée de « Concept store » vous est familière. Encore un joli nom marketing qui nous vient tout droit des Etats-Unis. Le principe est de réunir dans un magasin des objets et des services qui répondent à une même thématique. En France, la boutique Colette, qui a ouvert ses portes en 1997, a été la première à offrir une sélection éclectique et pointue. Elle alliait alors la mode aux nouvelles technologies, à la beauté et au design. Depuis, les concept stores se sont multipliés : Merci, The Broken Arm, L’Eclaireur… et certains se sont spécialisés. La Garçonnière est par exemple entièrement dédiée à l’homme.

La Fashion Week : l’évènement incontournable

Avec ses défilés, ses mannequins, les photos de street fashion et toutes les paillettes, c’est l’événement le plus important du secteur de la mode qui permet aux créateurs de présenter leurs nouvelles collections aux acheteurs, à la presse ou encore aux influenceurs. Mais attention, il n’y a pas qu’une fashion week. Le prêt-à-porter féminin, pour ne citer que cette catégorie, dispose de quatre fashion weeks par saison (Printemps/Eté en septembre, Automne/Hiver en mars). La première se passe à New York, la deuxième à Londres, puis à Milan et enfin à Paris. Les fashion weeks ont toujours lieu dans cet ordre-là. À cela s’ajoutent les quatre fashion weeks de prêt-à-porter masculin qui ont eu lieu en janvier et en juin, toujours dans le même ordre. Enfin, la Haute Couture a sa propre fashion week, en janvier et en juillet, cette fois exclusivement à Paris puisque la Haute Couture est une exception française. Bien sûr il s’agit des fashion weeks historiques, mais il en émerge de nouvelles comme à Berlin ou encore à Copenhague. Bref, au moment où vous lisez cet article, il se peut qu’une fashion week ait lieu quelque part dans le monde..

Le flagship : ou le vaisseau amiral

Le flagship est le vaisseau amiral d’une marque, sa vitrine, son étendard, la boutique où elle exhibe ses plus beaux atouts. Par exemple, Louis Vuitton a son flagship sur les Champs Elysées, tout comme adidas, Lancôme, Tommy Hilfiger, etc. En fait, les Champs sont un peu comme un flagship géant dans le domaine de la mode.

Ligne et collection de mode : quelles différences ?

S’il est inutile de vous préciser ce qu’est une marque, la différence entre collection et ligne est plus subtile. Une collection est la segmentation des produits d’une même griffe, très souvent selon une saisonnalité (Printemps/Eté, Automne/Hiver), ou bien il peut s’agir comme vu précédemment d’une collection Capsule qui regroupe des pièces en édition limitée autour d’un même thème. Une ligne en revanche est une segmentation de la marque. On peut par exemple distinguer des lignes selon sa clientèle cible. De nombreuses marques de luxe ont lancé une seconde ligne plus accessible : See by Chloé, Isabel Marant Etoile ou McQ by Alexander McQueen… Il peut aussi s’agir d’une segmentation selon le type de produit, comme Chanel qui dispose d’une ligne de parfums.

Le moodboard : ou la planche à idées

Il s’agit de la première étape dans la recherche d’inspiration d’un styliste. Pouvant être littéralement traduit comme un « tableau d’humeur », le principe d’un moodboard est de réunir sur une même feuille, un même tableau - voire un mur tout entier - toutes les images ou mots qui nous inspirent. Ainsi naît un prototype pour le dessinateur de mode, une idée générale de laquelle découlent des modèles de vêtements jusqu’à l’aboutissement ultime de la collection. Aujourd’hui, le moodboard du designer de mode s’est largement répandu dans d’autres domaines. On l’utilise souvent pour trouver l’inspiration lors de la création d’un site Internet, ou la décoration intérieure d’un showroom par exemple.

Le pop-up store : la fashion éphémère

Vous avez déjà dû vous rendre dans un pop-up store, sans même le savoir. Ils ne cessent de « pop up », comprenez d’apparaître, un peu partout. On pourrait également les appeler des boutiques éphémères pour faciliter la vie des frenchies, mais ça serait assurément beaucoup moins fashion. Ce point de vente qui n’ouvre que quelques jours ou quelques semaines a pour but d’attiser la curiosité des clients et des médias de par sa brièveté. Et c’est parfait pour créer le buzz.

Wholesale VS Retail, quelle différence ?

Le retail fait référence aux boutiques en propre, exclusives à la marque. Le wholesale est distribué chez des détaillants multimarques. Un exemple concret : la boutique Louis Vuitton des Champs-Elysées est un système de distribution retail. Le point de vente de la même marque, mais intégré dans les Galeries Lafayette, est une stratégie wholesale. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, nous y avons consacré tout un article : les différences entre ces deux systèmes de distribution.

Le showroom : une boutique pas comme les autres

Non, le mot showroom n’est pas uniquement dédié au mobilier et au design. Il s’agit du local d’exposition d’une seule marque ou d’un seul créateur. Quelle différence avec une boutique, pensez-vous ? Rien à voir, voyons ! Dans un showroom, les produits sont mis en exergue. Comprenez par là qu’on les présente dans un contexte le plus réel possible. L’espace dispose d’un design spécifique qui reflète les codes et l’esthétisme de la marque. À l’origine, ces spots étaient utilisés par les petites maisons ne disposant pas de boutique physique qui souhaitaient présenter un échantillon de leurs collections. Aujourd’hui, les plus grandes références ont repris le concept pour en faire une véritable stratégie marketing. Le showroom peut être intégré aux bureaux de la marque, comme dans les grandes maisons de luxe par exemple. Il peut aussi être physiquement indépendant. Pendant les Fashion Weeks, certaines marques, plus petites et qui n’ont pas de bureaux partout à travers le monde, louent des espaces de façon temporaire pour présenter leurs collections. Un showroom peut être réservé aux professionnels ou accessible au grand public.

Le corner shop : la petite boutique dans la grande

Si vous passez dans un grand magasin et que vous tombez sur un point de vente dédié à une marque, vous vous trouvez dans un corner shop. L’espace est animé par les vendeurs de la griffe. Les Grands Magasins parisiens comme Printemps ou les Galeries Lafayette sont en fait composés de corner shops.

Maison vs entreprise, pièces vs produits

Vous êtes passionné de mode et arrivez à dégoter un entretien dans une célèbre maison de couture. Motivé comme jamais, vous vous présentez devant le recruteur et vous lui expliquez à quel point vous rêvez de travailler pour son entreprise. Ni une, ni deux, votre interlocuteur met fin à la discussion, vous sert la main, vous remercie de votre passage et vous invite à rentrer chez vous. Qu’avez-vous fait de mal ? Dans la mode et surtout le luxe, on ne parle pas d’entreprise, ni de société, mais de Maison. Dans un secteur où l’image de marque est une notion clé, faites bien attention à toutes ces nuances dans vos lettres de motivation et vos entretiens. Sinon, votre recherche d’emploi risque de tourner au calvaire. Idem pour mentionner les vêtements. N’utilisez surtout pas le terme produits. Dans le milieu de la mode, on vend des pièces. Un point c’est tout.

La fast fashion VS les marques de luxe

La fast fashion regroupe des griffes capables de produire des lignes de vêtements en continu, de manière rapide et pas chère. Les maisons de luxe, elles, veulent raconter une histoire et partager de l’émotion avec leur clientèle. Elles vendent l’excellence de la filière mode mais ne définissent de loin pas cet univers dans son intégralité. Faites-donc bien la différence entre le secteur dans lequel vous souhaitez travailler et le cas spécifique du milieu du luxe. Cela vous évitera quelques déceptions si votre rêve est uniquement de travailler avec un grand couturier.

Le prêt-à-porter VS la haute couture

Dans la mode et l’habillement, on utilise le terme prêt à porter pour désigner les pièces produites en série. Il s’oppose à la notion de haute couture, qui représente un artisanat à part dans l’industrie. Celle-ci est réservée aux créateurs de luxe, qui produisent leurs vêtements et accessoires sur mesure. Tel un vin classé grand cru, la haute couture est aujourd’hui un terme protégé en France et à Paris. Les marques doivent répondre à un certain nombre de critères pour être autorisées à s’identifier en tant que maison de haute couture. Elles doivent par exemple justifier que le travail est réalisé à la main dans les ateliers de la maison.

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