Ces start-up qui veulent réinventer l’industrie musicale

29 juin 2018

4min

Ces start-up qui veulent réinventer l’industrie musicale
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C’est indéniable : la France est une terre de culture. Deux milles festivals de musique, presque autant de salles de spectacle… mais un problème majeur persiste : l’accès à ces concerts et à la création. Il existe pléthore de start-up aujourd’hui qui souhaitent réinventer l’industrie musicale en travaillant sur trois axes majeurs : la création, l’écoute ou la consommation. Welcome to the Jungle en a sélectionné quelques unes pour vous.

Réinventer la formation musicale

« Ce n’est pas parce que l’on fait de la musique que l’on est musicien. » En 1991, lorsque Pascal Quignard écrit cette phrase dans son ouvrage Tous les matins du monde, il est loin de penser que la start-up Meludia en ferait son credo. Pour ses créateurs, Bastien Sannac et Vincent Chaintrier, le solfège est aujourd’hui un peu poussiéreux et ils ont voulu sortir de ce schéma centré sur la lecture de la musique. Depuis plusieurs années, ils développent une méthode musicale développée sur application web dont le but est de stimuler l’oreille des musiciens de manière progressive.

Grâce à plus de 600 exercices ludiques, leur plateforme veut faire ressentir – littéralement - une mélodie ascendante, un accord mineur ou un triolet. Elle s’appuie sur une méthode SEMA, sensation/émotion/mémoire/analyse. « La musique est un langage. On a tous appris à parler avant d’apprendre à lire, non ? Alors pourquoi l’apprentissage de la musique commencerait par la lecture ? », s’interroge Bastien Sannac. Aujourd’hui, l’entreprise peut se vanter d’avoir reçu la médaille d’or du concours Lépine, célèbre concours français d’inventions. Elle a sorti une nouvelle application mobile et a effectué des déploiements nationaux à Malte, au Canada et aux Iles Féroé.

Créer de nouveaux outils hardware et des applications pour composer, c’est le défi de Music World Media. Leur maître-mot : « _veiller chaque jour à imaginer de nouvelles expériences autour de la musique. _» Créée en 2009 par Jean-Baptiste Hironde, l’entreprise française MWM peut se targuer d’être désormais le 8ème plus gros éditeur au monde d’applications musicales. Son fondateur, DJ amateur, s’est rapidement rendu compte que le matériel existant dans son domaine était très coûteux et peu facile d’utilisation. Son idée : créer un produit qui soit le plus grand public possible. Leur première application, Edjing, était née.

« On a fait une énorme étude autour des platines de mixage pour comprendre », explique Jean-Baptiste Fabre, le responsable hardware. Il part régulièrement à la rencontre des musiciens pour appréhender au mieux leurs problématiques : « Il nous est arrivé de voir des DJs très émus de voir ce qu’on pouvait faire pour eux. On explore vraiment tout ce qu’on peut faire pour les aider et encore plus avec le côté ‘scratcher’ qui est très présent chez nous. » En musique, ‘scratcher’ signifie arrêter/faire avancer rapidement avec ses doigts le vinyle sur une platine, méthode typique des DJs pour créer des effets et donner du rythme. Outre Edjing, MWM a aussi créé Equalizer+, Mixfader… autant d’applications pour aider amateurs et professionnels à composer plus facilement. MWM développe depuis deux ans des objets connectés, comme un petit objet permettant de “scratcher” plus facilement, justement.

Et MWM ne s’arrête jamais. En ce moment, comme Meludia, la start-up cherche « à donner envie aux utilisateurs d’apprendre un instrument de musique en évitant le solfège », souligne Edwin Paquiot, le responsable du pôle design. Le but : offrir un mélange entre le learning et le gaming. Qui a dit que l’apprentissage de la musique devait être rébarbatif ?

Écouter différemment

Quelques puristes vous dirons qu’écouter de la musique en streaming est insupportable tant le son d’un vinyle ou d’un disque est sans-pareil. Ils pourraient même vous hurler dessus s’ils savaient que vous écoutez la musique avec des écouteurs complètement amochés plutôt qu’un casque ultra performant. Comment réconcilier tout le monde ? Certaines start-up pensent qu’il faut bâtir de nouveaux modes d’écoute.

Parmi elles, Aurasens. Olivier Zeller et Nicolas Leroy, ses fondateurs, veulent vous faire redécouvrir « le son et la musique » avec leur fauteuil du même nom. Aurasens est un fauteuil trans-sensoriel : allongé dessus, vous ressentez la musique grâce à des vagues de vibrations en rythme. « Un délicieux mélange entre confort, bien-être et excitation des concerts lives ou des clubs enfiévrés », expliquent-ils. Produit en France, ce fauteuil est disponible depuis février 2018.

Consommer la musique autrement

Pour créer sa start-up Delight, Marc Gonnet est parti d’un constat : environ 40 % des places de spectacles ou concerts sont invendues chaque soir de représentation. Autant de pertes pour les salles et les artistes. Et l’entrepreneur sait de quoi il parle : il a co-produit de nombreux spectacles, aux Folies Bergères, notamment.

« Une affiche ne suffit pas à expliquer ce qu’est un spectacle, met-il en évidence. Elles veulent parler à tout le monde et finalement, ne parlent à presque personne. » Son souhait ? Que personne ne loupe un spectacle susceptible de lui plaire. Avec Delight, il travaille en B2B avec une trentaine de lieux pour « proposer des spectacles avant même que les spectateurs aient l’idée d’y aller. » Comment ? En rassemblant toutes les données des salles et des utilisateurs pour cibler leurs envies, leur fournir « des recommandations les plus fines possibles. » Grâce à ces informations (billetteries, cashless, contrôle d’accès, newsletter…), il peut avoir une vision claire de ce que les gens ont consommé dans le passé… et ce qu’ils aimeront dans le futur.

« Aujourd’hui, les industriels du secteur ne connaissent pas toute notre consommation », dit-il. La FNAC, par exemple, sait énormément de choses, mais pas ce que nous sommes allés voir en achetant au guichet de telle salle, par exemple. Mais Delight a pour ambition de tout centraliser. Leur appétit est tel qu’à terme, la start-up souhaiterait s’attaquer au tourisme, au sport et même aux musées. De quoi être sûr de ne rien louper.

Envie de voir un artiste ? Mobilisez vos voisins ! La start-upA 2 Pas de la Scène joue sur votre corde sensible avec sa billetterie participative. Le principe est simple : vous souhaitez voir jouer Christine and the Queens dans votre ville ? Grâce à une campagne de crowdfunding, A 2 Pas de la Scène pré-finance sa venue en achetant un billet “fictif”. Si le prix de sa prestation est atteint, alors tout le monde y gagne. À La Tribune, la directrice du développement Sarah de Rekeneire avait expliqué le principe : « Plus la demande augmente, plus le prix du billet diminue. Dès que la jauge économique est atteinte, le spectacle est programmé - ce qui permet de diminuer le risque financier pour les organisateurs. » Elle ajoute qu’en cas d’échec, tout le monde est bien évidemment remboursé.

Autant de start-up qui permettent de ressentir, apprendre et écouter au mieux la musique. Car si celle-ci est universelle, autant lui trouver des outils pour mieux l’appréhender, encore et encore. Visiblement, il y a de quoi faire !